Alors que l’artiste a plus d’une corde à sa guitare, il dévoilait, le 1er mai 2020, son cinquième projet intitulé « Ëpisode 0 ». Sopico remet les compteurs à zéro alors qu’il peut désormais se vanter d’être chanteur, compositeur mais aussi acteur pour la série « The Eddy », de Damien Chezelle. En attendant un prochain album, l’artiste démontre l’étendue de sa musicalité, sans jamais se séparer de sa guitare.

Plus de deux ans après avoir sorti son premier album « YË », le rappeur aux multiples facettes de la 75e session, surprend avec un EP qui se démarque par sa diversité, pleine de mélodie et de mélancolie.
Une odyssée musicale
Pour donner naissance au projet « Ëpisode 0 », Sopico a parcouru le monde, s’imprégnant des cultures pour ouvrir le champ musical des possibles. Si la sortie de son EP est pour lui une manière d’Atterrir, le premier titre fait voyager, libérant ainsi la musique de ses cases et de ses codes, dont l’outro instrumentale s’en fait l’apogée.
Sopico pousse l’auditeur à décoller, sans regarder derrière soi, à la découverte d’un nouveau monde. Traverser ce monde amène à des morceaux au flow tranchant, intransigeant, voire même stellaire, comme D’où je viens, tout comme à une interlude mystérieuse et inaccessible, qui avait servi au teasing du projet sur instagram.
Le projet dans son ensemble est un appel au voyage et à l’évasion. Avec « Ëpisode 0 », Sopico nous embarque avec lui sur son radeau pour une odyssée auditive et musicale sans escale. Tous reliés entre eux, les septs morceaux que composent l’EP peuvent être lus comme un seul et unique titre, un seul et unique voyage : « Si les gens me disent, Ëpisode 0, c’est mon morceau préféré, je serai trop content », confiait-il à Clique.
Ainsi, l’auditeur atterrit dans le monde de Sopico, pour s’envoler Loin à la découverte de sonorités qui s’entremêlent, Avant de partir vers d’autres horizons : « Si t’es pas libre, il y a pas moyen que t’apprécies bien le voyage. » (Loin).
Une versatilité musicale
Pour l’artiste, le projet est une manière de remettre les compteurs à zéro et de marquer un tournant dans ses paroles, qui lui semblaient « beaucoup plus cyniques ». C’est aussi, pour lui, une manière de s’affranchir des cases dans lesquelles l’on voudrait ranger sa musique : « Y’a de la place, même y’en a pas, j’vais rentrer. Pas dans la case, bientôt j’vais casser l’antenne. » (Sans titre).
Très loin des critiques, Sopico fait confiance à sa musique, dans un projet éclectique aux influences multiples dont Tame Impala et Idir, récemment décédé, qui aura marqué l’enfance du rappeur :
« On a perdu quelqu’un d’important pour la culture algérienne et kabyle. Ça fait partie des premières voix que j’ai entendu. Idir, avec son écriture, a su mettre en avant la langue Kabyle, ses sonorités et ses couleurs. J’essaye de restituer ce lien entre les cordes et la voix dans ma musique. »
« La guitare est une colorisation de la musique »
Faire le lien entre les cordes et la voix : une véritable ambition pour un artiste farouchement attaché à sa guitare. Compagne de vie, elle le suit partout et sur chacun des sept titres du projet. Elle est, au-delà de la musique, sa thérapie la plus efficace, comme il le rappelle dès le début de l’ EP : « Lance la guitare, je fais un point avec moi-même. » (Atterrir).
Influencé par Nirvana, Jimmy Page (du groupe Led Zeppelin) et Jimi Hendrix, l’artiste démontre dans ce projet, son ouverture et son éclectisme musical sans jamais se détacher de sa passion pour l’instrument de musique dont sa série acoustique Unplugged se fait le reflet :
« Je n’arrêterai jamais de jouer de la guitare sur mes morceaux. Sur Ëpisode 0, il y en a sur tous les morceaux. Parfois on a l’impression que ce sont des synthés. Parce qu’en fait, j’aime autant me décloisonner, que décloisonner la guitare ! Pour moi, c’est un instrument qui ne correspond pas à un genre en particulier. La guitare, c’est une colorisation de la musique. »
Sopico s’est d’ailleurs entouré de Yodélice, qui n’est autre que le producteur des cinq derniers albums de Johnny Halliday, pour réaliser l’album : « Avec Yodelice, on a parlé tout de suite le même langage : celui des amoureux de la musique, sous toutes ses formes », expliquait-il aux Inrocks.
Sur des prods planantes signées Loubensky et Ozhora Miyagi, Sopico parvient à maîtriser son art. Cet « étrange enfant de 25 ans », comme il aime se qualifier, a fait de la musique son exutoire. Chaque morceau est d’ailleurs accompagné de ce qu’il appelle des « objet-vidéos », qui se distinguent des clips-vidéo.
Avec cet EP, Sopico assume sa musicalité et ses influences en parvenant à rendre joyeuse la plus grande des mélancolies, comme sur le titre Thème. Celui qui confie que les chansons les plus fragiles sont les plus légendaires » (Thème), délivre un projet cohérent avec une identité musicale et artistique marquée.