Vendredi 16 juillet 2021 sortait « L’Étrange Histoire de Mr. Anderson », le deuxième album de Laylow. Après le succès critique et commercial de « Trinity », érigé comme l’un des meilleurs projets de l’année passée, le rappeur toulousain signe son retour avec un opus concept. Une nouvelle histoire et un nouveau casting pour continuer de s’affirmer comme l’une des têtes les plus créatives du rap français. La rédaction de Mosaïque a planché sur ce nouveau projet et donne son avis.
« Une balade musicale avec un réel message politique »
Quelle performance du Lay. Seulement un an et demi après « Trinity », il a réussi à me surprendre par la complexité du projet. On ressent la volonté de placer la barre aussi haute que sur son dernier album et ça fait du bien de voir un artiste en vogue ne pas s’endormir sur sa notoriété. Parler de son histoire de manière aussi intime et crue était un vrai challenge. Une étrange histoire de jeunesse bien plus complexe que sa précédente relation avec une intelligence artificielle. Voilà qui explique sûrement une direction artistique moins cohérente mais pas moins intéressante que sur son dernier opus. Le storytelling reste quant à lui toujours aussi efficace, qu’il s’agisse de l’histoire globale du projet ou des tranches de vie racontées dans certains morceaux comme les somptueux VOIR LE MONDE BRÛLER et LOST FOREST. Côté featuring, l’alchimie est à la hauteur du casting. Damso et Hamza enflamment le début de l’album, quand Alpha Wann et Wit. apportent leur sens de la découpe. Beaucoup moins convaincu cependant par la prestation minimale de Nekfeu sur SPECIAL. Les interludes sont tout aussi pertinents et ces dialogues bruts viennent donner du relief et du sens. La dualité Jey / Mr. Anderson est assez bien exploitée et nous invite directement à la réflexion. Même si le discours de l’album, de croire en ses rêves, est finalement très classique et déjà bien abordé dans le rap, Laylow y apporte sa touche personnelle. Loin des grandes heures du rap conscient, cette balade musicale dans les souvenirs d’un jeune artiste transmet un réel message politique à ses auditeurs et auditrices : « Écoute toi ».
- Robin Spiquel
« Il aborde un sujet souvent négligé, celui des violences faites aux femmes »
Le nouvel album de Laylow offre une double lecture : « L’Étrange Histoire de Mr. Anderson » telle qu’elle apparaît dans les skits cinématographiques, puis la musique du projet. Sur le plan musical, le rappeur rayonne. Sa sélection de featurings montre une évolution notable par rapport à ses derniers jets avec un éventail diversifié d’artistes bien incorporés à son univers. Les sonorités des productions, elles, ne sont pas sans rappeler les têtes d’affiches du rap américain comme Kendrick Lamar et Travis Scott. Cependant, le fond de l’histoire et le traitement cinématographique qui lui est consacré sont, à mon avis, trop banals. Certains sketchs deviennent gênants, voire prétentieux. L’interprétation de Mr. Anderson fait d’ailleurs pâle figure à côté de celle de Trinity, sur son album du même nom. Cela dit, les titres demeurent excellents et se fient facilement aux réécoutes, même si j’ai dû faire abstraction de certains interludes. J’aimerais aussi souligner trois morceaux en particulier. HELP !!! qui aborde un sujet important souvent négligé par les rappeurs, celui des violences faites aux femmes, ainsi que les deux titres avec Hamza qui s’écoutent comme la bande originale d’un film de gangsters des années 1980 dans lequel le Bruxellois endosse avec aisance le second rôle, à la hauteur d’un Joe Pesci.
- Lukas Taylor
« L’outro UNE HISTOIRE ÉTRANGE clôture ce chapitre avec une morale qui n’est pas sans rappeler celle racontée dans Notes pour trop tard (« La fête est finie », 2017) par Orelsan. »
Imane Lyafori
« Jey révèle ici ses doutes et ses démons »
C’est l’histoire d’un jeune Toulousain qui se rêve en prodige du rap français. Pour cela, l’artiste de 28 ans se heurte à bon nombre d’obstacles en commençant par lui-même. Il expose les prémices d’un succès qui met du temps à être établi. Jey révèle ici ses doutes et ses démons qui le rongent dans la construction d’une carrière qu’il désire plus que tout autre chose. Mr. Anderson agit comme cette détermination qui ne cesse de le pousser à se dépasser. L’auditeur alterne alors entre le comportement parfois chaotique d’un Jey qui tente de voir le bout du tunnel, à l’image du morceau VOIR LE MONDE BRÛLER, et de son alter ego qui lui rappelle qu’il est SPECIAL. Un message qui résonne avec toutes celles et tout ceux qui bataillent pour faire entendre leurs voix et se créer leurs propres chemins. L’outro UNE HISTOIRE ÉTRANGE clôture ce chapitre avec une morale qui n’est pas sans rappeler celle racontée dans Notes pour trop tard (« La fête est finie », 2017) par Orelsan : l’important est de faire confiance au temps tout en ayant foi en soi. Ou comme dirait Laylow : « C’est ta façon de faire et c’est la meilleure au monde, juste parce que c’est la tienne, ma gueule… ».
- Imane Lyafori
« Laylow s’impose avec un album indéniablement inspirant »
En prenant des allures de Martin Scorsese pour Vogue, Laylow n’a pas trahi l’esthétique cinématographique de son album au casting d’exception. Toujours aussi exigeant, l’artiste toulousain livre un album ambitieux dont le scénario déborde presque un peu trop sur la musique et dont l’histoire personnelle et complexe se suit avec une facilité surprenante. Alors que pour son premier album, « Trinity », l’écriture et les sujets abordés me semblaient trop simples et monotones, Laylow a su donner une nouvelle dimension à son art en dénonçant des problèmes de société tels que les violences conjugales ou policières. En filigrane, il porte un message fort : suivre ses rêves. L’homme de l’année 2020 garde son statut en 2021 et s’impose avec un album indéniablement inspirant.
- Amaël Coquel
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