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Alors que PLK s’apprête à dévoil­er « Enna », le rappeur n’en est plus à ses pre­miers essais. Au milieu de trois autres mix­tapes trône son pre­mier album, « Polak », sor­ti le 5 octo­bre 2018. Retour sur un pro­jet abouti et promet­teur qui a pro­jeté l’artiste sur le devant de la scène.

 

Froid et rougeoy­ant. Bru­tal et ten­dre. Le pre­mier album de PLK n’est d’autre qu’un assem­blage de couleurs qui s’impose comme une évi­dence. Après quelques détours en com­pag­nie du Pana­ma Bende et ses pro­jets solo « Ténébreux » et « Pla­tini­um », l’artiste mène une quête identitaire.

Si ses traits artis­tiques sont déjà bien dess­inés, il n’est pas rare qu’on lui reproche un manque d’épaisseur. Pour se rap­procher encore de son pub­lic et pass­er un cap, PLK ouvre une nou­velle brèche dans son univers. Celle de l’intimité.

 

Le cœur rouge et blanc

Sym­bol­ique­ment, l’artiste ouvre son nom d’artiste et y ajoute deux nou­velles let­tres, encore incon­nues, pour dévoil­er Polak, un mot-valise lourd de sens qui va finale­ment titr­er l’album. S’il est avant tout son surnom, il est aus­si un clin d’œil à ses orig­ines polon­ais­es.

 

Cov­er de l’al­bum « Polak », réal­isé par Fifou.

 

C’est là le pre­mier trait per­son­nel du pro­jet. Comme la cov­er au couleur du dra­peau de la Pologne, réal­isée par Fifou, PLK a le coeur rouge et blanc. L’artiste prof­ite donc du titre éponyme de l’album, Polak, situé au beau milieu de la track­list, pour mon­tr­er un peu plus son ADN artis­tique. Il dénonce ceux qui se jouent d’une orig­ine ban­lieusarde pour faire du bruit. Lui prône l’authenticité. Il sait d’où il vient, en retire une fierté, mais sans arti­fice. Un peu d’egotrip, mais pas d’excès de zéle.

Impos­si­ble alors, de ne pas ramen­er un peu de polon­ais sur le pro­jet. C’est donc en présence de Paluch, véri­ta­ble star du rap dans son pays, qu’il pose sur la piste Gozi­er.

 

Une porte ouverte sur son intimité

Pour­tant, jusqu’ici, PLK n’en était pas moins resté dis­cret. La suite de l’opus ne décevra pas. « Ton cœur est scel­lé, ça tombe bien : j’su­is ser­ruri­er », scan­de-t-il dans Ils nous com­pren­nent pas. À juste titre, cette punch­line résonne avec le morceau Bunkœur. « Froid comme le soleil de décem­bre », il explique sa peur de la décep­tion et de l’attachement. Un coeur glacé, mais surtout verrouillé.

 

 

Celui qui cla­mait : « Petit Polak devien­dra grand » dans l’intro de l’album, va faire face à ces émo­tions. Dans le morceau Idiote, le rappeur s’ouvre enfin : « À six ans, maman m’a présen­té de nou­veaux frères. M’a dit “ils sont plus vieux qu’­toi, tu ver­ras, tu vas t’y faire”. Puis deux ans après, papa m’a présen­té une nou­velle sœur. M’a dit “c’est une demi, une moitié, bar­ri­cade ton cœur”. » Devant ces mou­ve­ments famil­i­aux intem­pes­tifs, les bar­belés pren­nent du sens. Il con­fi­ait d’ailleurs à Meh­di Maïzi dans l’émission La Sauce sur OKLM : « J’extériorise enfin des choses que je n’ai jamais osé dire à ma mère. »

 

À la recherche du « sel »

Proche des siens comme de son quarti­er, PLK monte mais garde les yeux sur terre. La notoriété ne lui brûle pas les mains. Il image cette idée par le « sel » dans le titre du même nom. Comme un ingré­di­ent qui vient apporter un goût à un plat, la célébrité et l’argent ont ramené de la saveur dans son quo­ti­di­en, désor­mais capa­ble de met­tre à l’abri sa famille et de s’occuper pour s’éloigner des tentations.

Dans le morceau Hier, une col­lab­o­ra­tion trap avec des backs puis­sants aux côtés de SCH, il aime d’ailleurs rap­pel­er que peu importe la fame et la taille de son porte­feuille, l’assaisonnement mag­ique n’est d’autre que la sincérité et le naturel. En restant « l’même qu’hier ».

Si cer­tains pour­rait tax­er l’artiste de man­quer de pro­fondeur ou d’originalité dans ses phrasés et ses choix artis­tiques, PLK répond et démon­tre une matu­rité a plusieurs égards. Bien équili­brée, la track­list pro­pose un con­cen­tré stratégique de « Pla­tini­um » et « Ténébreux », ses deux mix­tapes précé­dentes. Avec un flow inspiré par l’école de l’Entourage ou encore de la Sex­ion d’Assaut, il s’assied tout aus­si bien sur des prods sèche (Sépar­er) que sur des instru­men­tales piano-voix avec des toplines cal­i­brées (Weed).

Le suc­cès du CD tient aus­si aux inédits, ajoutés une fois l’album cer­ti­fié disque d’or. Des morceaux hors con­texte, mais très vendeur, comme le hit Dingue, le morceau sto­ry-telling Sans suite et l’inattendu Emo­tif, réal­isé en une heure dans les stu­dios de Booska‑P.

 

Un album taillé pour le succès

Si le S et Nek­feu l’accompagne sur l’album, le cast­ing est aus­si bril­lant du côté de la pro­duc­tion. À la baguette, Kat­ri­na Squad et Junior Alaprod ont sculp­té un squelette var­ié mais cohérent au pro­jet qui a su réu­nir un large pub­lic. Des beat­mak­ers comme Le Motif, Dia­bi, DST ou Wladimir Pari­ente ont aus­si apporté leur touche.

Deux plus tard, l’album pla­tine résonne encore. Après avoir fait franchir, à son pub­lic, un pre­mier pas dans son Bunkœur, PLK en pro­pose un deux­ième avec « Enna », son sec­ond album, prévu le 28 août 2020. Très per­son­nel, le titre du pro­jet est un nou­veau mot-valise, qui rassem­ble cette fois le prénom de son frère et de sa soeur.

 

Cov­er de l’al­bum « Enna », réal­isé par Fifou.

 

Un deux­ième cap doit être franchi pour le rappeur qui va chercher de nou­veaux points d’appuie pour se renou­veller, à tra­vers Hamza, Rim’K ou encore Heuss l’Enfoiré. Le rappeur surfera-t-il sur la recette du morceau Prob­lèmes et des prods mélodieuses de Junior Alaprod ? La track­list pour­rait le laiss­er penser. Ren­dez-vous le 28 août.

 

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