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D’une tour de 130 mètres de haut, à l’Olympia, en pas­sant par Porn­hub, les artistes fran­coph­o­nes du rap français ont fait dans l’in­no­va­tion pour met­tre en image leur musique. Mosaïque a retenu sept visuels qui ont mar­qué la rédac­tion par leur orig­i­nal­ité, leur esthétisme ou leur sym­bole et vous livre sa sélec­tion des plus beaux clips de l’an­née. Nota Bene : ceci n’est pas un classement.


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Joanna — Sur ton corps

Quand Joan­na choisit de bris­er les tabous autour de la sex­u­al­ité, elle ne le fait pas à moitié. L’artiste aux accents pop et RnB a décidé d’embaucher le cou­ple le plus con­nu du Porn­hub home­made, LeoLu­lu, pour le clip de son sin­gle Sur ton corps, tiré de son pre­mier album. En résulte deux vidéos réal­isées par la chanteuse elle-même ain­si que la réal­isatrice Ambrr. Une ver­sion éro­tique où les deux amoureux se câli­nent dans un lit immac­ulé et une autre pornographique mêlant scènes de sexe explicites et ombres chinoises. 

Der­rière la caméra, Joan­na tire les ficelles. « Je ne voulais pas que le focus se fasse unique­ment sur le plaisir de la femme, mais plutôt sur celui des deux. Tout en étant con­sciente que mon point de vue est biaisé par nos con­struc­tions sociales », nous con­fi­ait l’artiste ren­naise au début de l’année. L’ambiance à la fois sen­suelle, élec­trisante et pro­fondé­ment fémin­iste est saluée par la cri­tique. Dès les pre­mières images du clip, Joan­na n’oublie pas de men­tion­ner le tra­vail du Strass, le syn­di­cat du tra­vail sex­uel. Fidèle à ses engage­ments. Un pari réus­si pour la jeune femme de 23 ans dont l’objectif était de par­ler de sexe crû­ment, sans faire la part belle à la cul­ture du viol. 

- Manon Bernard

Sopico — Slide

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeune « So », comme on le surnomme, sait faire une entrée fra­cas­sante. En juin dernier, l’artiste de 25 ans est revenu avec Slide, un morceau aux sonorités rock et au visuel per­cu­tant. C’est en tant que « rackeur » (jeu de mot avec rappeur et rockeur, NDLR) que Sopi­co aime désor­mais se présen­ter. Naturelle­ment, il choisit de s’entourer de l’équipe du film « Mis­sion Impos­si­ble » pour mar­quer son grand retour après un an d’absence.

La Tour Pleyel (Seine-Saint-Denis) de 130 mètres de hau­teur, le saut dans le vide, les feux d’artifices… Sopi­co se met en scène comme pro­tag­o­niste de son pro­pre film. Rien a été lais­sé au hasard par ce cinéphile qui, plus jeune, rêvait de faire du ciné­ma : « L’enfant qu’on voit au début du clip, c’est le pub­lic qui m’attend et qui m’appelle pour me dire « il est temps ». Moi, je suis en train de rêver en haut de cette tour. Je me réveille et je décide de repren­dre du ser­vice. La métaphore des ouvri­ers est totale­ment liée au fait que c’est un tra­vail d’équipe, un chantier. Ce que l’on voit dans le clip, ce sont tous les élé­ments dont on avait besoin pour faire le disque », expli­quait-t-il au Parisien .

- Imane Lyafori

Hamza — Réel

Un hangar, des voitures de luxe, une émeute, des four­gons blind­és, Hamza et Zed. Le tout dans un noir et blanc par­fait. Il n’en faut pas plus pour que Hugo Bem­bi et Sacha Nac­eri sig­nent l’un des plus gros clips de 2021. Pour annon­cer « 140 BPM2 », Hamza étale son flegme. Voiture de luxe, gril­lz sur les dents, lunettes de soleil et cig­a­rette dans une main. 

Acculé par des hommes cagoulés, il se moque d’eux en rap­pant son cou­plet bien au chaud dans son opu­lence. Dès le plan d’ouverture, le rappeur mène l’assaut accom­pa­g­né de mil­i­taires en blind­és. Hamza démon­tre son change­ment rad­i­cal d’ambiance, que cela soit musi­cal ou en ter­mes de direc­tion artis­tique. La col­orimétrie s’attache à un noir pro­fond et un blanc clin­quant, choix sur­prenant et à con­tre-courant de ses précé­dents clips. Le Belge est prêt à par­tir à la guerre en toute décon­trac­tion avec son allié Zed, dans l’un des clips les plus épiques de 2021.

- Cyprien Joly

Sonbest — Terre Noire

Allongé près d’un per­son­nage peint tout en noir qui s’agrippe à lui, un fais­ceau de lumière sur­v­ole Sonbest. Seul moment d’accalmie dans une ambiance thriller. Un jeune garçon qui court à per­dre haleine, une sor­cière non-voy­ante et une forêt som­bre… Terre Noire syn­thé­tise tout l’imaginaire de la musique de l’artiste. Le visuel est mis en image par son acolyte de la pre­mière heure, SwimThe­Dog. Pour Mosaïque, il expli­quait : « La per­son­ne qui s’aggripe à lui, c’est son pro­pre démon, une per­son­ne qui le hante. C’est un peu comme une paralysie du som­meil. Il ne peut plus bouger. » Inspiré d’un film d’hor­reur bri­tan­nique « His House », un rite trib­al tente de défaire Sonbest de ses démons en lui ôtant la vue.

Un clip fidèle à l’univers de l’artiste qui rap­pelle celui d’Ago­nie issu de son pre­mier EP. Terre Noire, sor­ti le 10 juin 2021, annonce avec pro­fondeur et cohérence le pro­jet « Arcane » de Sonbest. Mais dont son réal­isa­teur SwimThe­Dog préfère ne pas tout dévoil­er : « La sor­cière est non voy­ante, Sonbest a les yeux bandés… Ce sont des sym­bol­es de l’inconscient. Je voulais faire par­ler autre chose que le regard. Mais il y a plein de sig­ni­fi­ca­tions pos­si­bles. Je préfère laiss­er libre cours à l’interprétation. »

- Lise Lacombe

Damso — 911

Com­ment mon­tr­er un gang­ster qui soudain s’adoucit et laisse, en l’espace de trois min­utes, transparaître ses sen­ti­ments ? C’est le défi que relève Adrien Wag­n­er avec le clip de 911, sor­ti en début d’année. Le réal­isa­teur laisse son empreinte et son style avec des effets spé­ci­aux en pagaille et des mou­ve­ments de caméra à 360 degrés déjà util­isés sur ses précé­dents projets. 

Pro­duit par Adeus, on y retrou­ve un Damso qui baisse les armes. L’artiste se dit « ramol­li » par le charme de la man­nequin Noémie Lenoir, invitée à jouer dans le clip. C’est sans rap­pel­er ces paroles du morceau Auto­tune, extrait de son pre­mier pro­jet « Bat­terie faible » : « Tout est noir comme Noémie Lenoir ». Du haut d’un immeu­ble, à un bar à l’ambiance tamisée, en pas­sant par une plage déserte, Damso nous emmène dans un voy­age envoû­tant, au rythme de la mélodie du morceau. Le rappeur belge offre une vidéo digne du sep­tième art, alliant avec justesse musique et visuel. De quoi faire fig­ur­er 911 par­mi les plus beaux clips de l’année.

- Théo Lilin

Slimka — Hollywood

À l’image de ce que laisse imag­in­er le titre, Slim­ka tra­verse la scène pour adapter en image son morceau Hol­ly­wood. L’artiste nous plonge dans des décors de ciné­ma dont ceux de ses précé­dents clips. Pour­suivi par les fans à l’arrière de sa voiture de luxe, Slim­ka se réin­car­ne façon super­star. Loin de l’univers dystopique et sanglant des morceaux Rain­bow et Head­shot, aux­quels Hol­ly­wood est rat­taché, l’heure est désor­mais à l’egotrip.

Dans une suc­ces­sion prenante de plans séquence real­isée par Exit Void, Slim­ka nous emmène à ses côtés, caméra embar­quée, afin d’assister à son auto-inter­pré­ta­tion. Mise en abyme de la pro­duc­tion d’un des ses clips, le Genevois déroule au rythme de la prod explo­sive de Sec­tra et Kosei. Dans un entre­tien accordé à Mosaïque, le rappeur expri­mait sa volon­té de faire recon­naître la valeur du rap suisse. Pro­pos cor­roborés à tra­vers le morceau qui s’ou­vre ain­si : « J’viens met­tre les pieds sur la table, J’viens met­tre Genève sur la carte. »

- Mar­ius Sort

Mention spéciale : Vicky R, Le Juiice, Chilla, Bianca Costa et Davinhor - AHOO

« Icy, Jui­icy, Vicky, Bian­ca, Pac-Man, c’est la folie. » Une folie et un pro­jet qui fait du bien au rap français. Pour la pre­mière fois, cinq rappeuses se réu­nis­sent pour pro­duire un morceau. Le doc­u­men­taire « Reines, pour l’amour du rap » sur Canal+ dévoile sa con­cep­tion. Durant qua­tre jours, elles se sont retrou­vées dans une mai­son avec des pro­duc­teurs pour écrire et clip­per le morceau. Dans le visuel, à tour de rôle, Chilla, Bian­ca Cos­ta, Davin­hor, Le Jui­ice et Vicky R débar­quent devant la caméra avec un style impec­ca­ble et de l’assurance à revendre. 

Le clip réal­isé par Jean-Charles Char­avin s’im­pose comme un cri de rage des rappeuses. Elles s’af­fir­ment haut et fort sur la scène rap et s’u­nis­sent façon soror­ité pour le faire. Cha­cune y va de sa punch­line et impose son cou­plet, le tout dans un décor théâ­tral. Chilla con­serve sa voix angélique tout en ne mâchant pas ses mots pour s’associer aux notes brésili­ennes de Bian­ca Cos­ta. L’in­so­lence de Davin­hor se mêle à la trap de Le Jui­ice et à la puis­sance de Vicky R. Le clip a été tourné à l’Olympia, qui pour l’oc­ca­sion, a orné sa devan­ture des noms en let­tres rouges des cinq artistes, prêtes à pren­dre tout la lumière en haut de l’affiche. 

- Manon Bernard


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