Mosaïque

À la table d’un bar à chicha du 5ème arrondisse­ment de Paris. Sam’s, aka Mous­sa Mansaly, s’ap­prête à sor­tir son nou­v­el album : « Inspiré d’histoire(s) vraie(s) ». Dans le tour­bil­lon d’une opéra­tion de pro­mo­tion très ryth­mée, enflam­mée par la sor­tie à suc­cès de la deux­ième sai­son de « Validé » dans laque­lle il inter­prète le per­son­nage de Mas­tar, Mosaïque a pu dis­pos­er de quinze min­utes chrono avec ce touche-à-tout. Tout le long de l’al­bum jusqu’à la pochette du CD, la réal­ité se mêle à la fic­tion et le rappeur bor­de­lais trace un scé­nario musi­cal dans lequel il rappe son pro­pre rôle. Un con­cept immor­tal­isé par le pho­tographe Fifou qui a représen­té l’artiste se jetant par la fenêtre d’un bâti­ment. Entre deux bouchées d’une crêpe au jam­bon, le rappeur revient sur son envie de bris­er la glace entre la réal­ité et la fic­tion mais aus­si de bris­er le pla­fond de verre social con­tre lequel il a tou­jours lut­té. Carte blanche.


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« Cet album con­cept, « Inspiré d’histoire(s) vraie(s) », je l’avais en tête depuis longtemps. C’était une ambi­tion, un truc que je voulais faire dans ma vie d’artiste. Et je ne suis pas de ceux qui ne vont jamais au bout de leurs idées. Je me rap­pelle le pre­mier truc que j’ai fait, c’est un street CD. Je m’en foutais que ça se vende ou pas, je voulais juste le sor­tir et j’en étais fier. Finir un pro­jet, c’est presque un exploit en soi. C’était ma men­tal pour cet album que j’ai com­mencé il y a un an et demi. J’étais tout le temps en stu­dio et j’ai fait plus d’une cen­taine de sons. J’aurais pu le sor­tir à l’époque de la pre­mière sai­son de « Validé » mais je voulais faire ça bien, pren­dre le temps de le con­stru­ire et de don­ner un ren­du cohérent aux gens. Faire une playlist de titres, ça ne m’intéresse pas.

Je me suis inspiré de faits réels. Dans ma vie, il y a tou­jours des moments où j’ai sen­ti une fine fron­tière entre le réel et la fic­tion. Des moments où je me dis­ais : « Putain, je suis dans une série ou quoi ? ». Je me rap­pelle d’un jour, après le tour­nage de la pre­mière sai­son de « Validé ». Je ren­trais chez moi et un pote m’appelle sur la route et me dit que sa tante se fait bra­quer. On arrive sur place, le mec s’énerve et sort un cal­i­bre. On s’embrouille, il veut tir­er, l’arme s’enraye, on lui fonce dessus, il tire, la balle part à côté et on le désarme. Les keufs arrivent et il se fait embar­quer. À la base, je devais juste ren­tr­er chez moi manger des sushis et je me retrou­ve là-dedans… C’est ce que je veux mon­tr­er quand je mets en scène l’expression « bris­er la glace » sur la pochette. Par­fois, la réal­ité chevauche la fiction.

On nous a tou­jours fait com­pren­dre qu’on était des gens du fond, des mar­gin­aux. C’est pas nous qui l’avons voulu, c’est ce qu’on nous a tou­jours dit.

Sam’s pour Mosaïque

Mais pour moi ça veut aus­si dire : aller au-delà des lim­ites qu’on nous impose. Bris­er le pla­fond de verre. Là d’où je viens, on était con­scient qu’on était pas les mieux lotis et que si on se bat­tait pas, on allait vite som­br­er. Grâce à dieu, mes par­ents ont tou­jours mis de la bouffe sur la table, mais quand je met­tais mes mains dans les poches j’avais rien. Alors j’allais au char­bon et je ren­trais pas tant que j’avais pas ramassé un bil­let. Ce côté débrouille on l’a tous. Aujourd’hui, je me sens à ma place. À la place que j’ai mérité. Per­son­ne ne peut me l’enlever. Le dernier morceau de l’album s’appelle Fond de la classe.

Je ne me sens pas au fond de la classe, mais il y a tou­jours une dif­férence entre com­ment tu te sens et com­ment les gens te voient. On nous a tou­jours fait com­pren­dre qu’on était des gens du fond, des mar­gin­aux. C’est pas nous qui l’avons voulu, c’est ce qu’on nous a tou­jours dit. La con­di­tion sociale fait tout. Si t’es pas fils d’un tel, si t’as pas ci, si t’as pas ça, t’es du fond. C’est pas une ques­tion de capac­ité, c’est une ques­tion de vision. Je ne suis plus à plain­dre, mais au yeux de beau­coup je reste un paria, de par ce que je représente. Du coup, il n’y a pas un jour où je n’ai pas essayé de bris­er cette glace. Dans le film de ma vie, je pense que le pro­tag­o­niste a relevé ses manch­es et con­tin­ue de gravir la mon­tagne. Suite au prochain épisode. »

- Sam’s pour Mosaïque

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