Alors que le hip-hop est en pleine conquête des terres musicales anglaises, une dynastie de rappeurs se dessine outre-Manche. Les artistes se partagent les royaumes et adoubent leurs suzerains, dignes successeurs de leur blason artistique. Parmi ces héritiers, le Prince Stormzy est l’un des descendants de la province de la grime, mêlant des basses ancestrales et de nobles synthétiseurs. Portrait du rappeur londonien autour d’une tasse de thé.
Started from the Bottom
Stormzy est né en juillet 1993 à Croydon, ville de la banlieue Sud de Londres. Le « Wicked Swengman » débite ses premiers flows avec ses amis dans les maisons de jeunesse de son quartier. L’influence des pionniers du grime comme Skepta ou Crazy Titch se fait ressentir dans ses productions et il ne tarde pas à se faire un nom sur la scène britannique.
Après un premier EP en 2014, il enchaîne trois ans plus tard avec son album « Gang Signs & Prayer ». Le succès est au rendez-vous. Avec trois tracks certifiés single de platine, l’album propulse Stormzy en haut des charts.
L’année 2019 vient définitivement placer la couronne sur la tête du rappeur anglais. Il est annoncé en tant que tête d’affiche du festival de Glastonbury et s’offre le luxe d’être en couverture du Time Magazine d’Octobre 2019, l’hebdomadaire américain le qualifiant de l’un des « Next generation leaders ».
Tea time
Sa performance à Glastonbury sonne clairement comme le fait marquant de sa carrière. Arborant un gilet pare-balles aux couleurs de l’Union Jack, dessiné par l’artiste Banksy, Michael Omari sait qu’il est en train d’entrer dans l’histoire. Il est le premier artiste noir à être programmé sur la fameuse Pyramide Stage de Glastonbury, scène principale du festival.
Jay‑z, dans une vidéo adressée au rappeur britannique en début de concert, n’oublie pas de lui rappeler son accomplissement et à quel point « la culture change le monde ». Point culminant de cette soirée riche en émotions : Dave et Fredo accompagnent Stormzy pour performer leur single Funky Friday. Le premier remercie son ami, lui adressant un salut chaleureux : « Tu as rendu cela possible. Tu nous as permis d’y croire. Je t’aime mon frère. » Ce gilet pare-balles est aussi visible sur la cover de son troisième et dernier album : « Heavy is the head ».
The Crown Jewels
Sans nul doute, le premier album du rappeur londonien « Gang Signs & Prayer » reste la référence de sa discographie. Mêlant inspirations gospels et productions de rap, Stormzy touche des thématiques importantes au fur et à mesure que l’album avance. Les parties 1 et 2 de Blinded by your grace sont une ode à sa foi et son dévouement à Dieu.
Le combat contre le racisme est également abordé, dans le même temps que l’évolution qu’il a connu au cours de sa carrière. Regardant dans le rétroviseur, Stormzy met en garde ses prochains de la nécessité de bannir les sentiments de vanité et de suffisance de leurs émotions. Il connaît parfaitement cette lutte contre soi-même, lui qui parle à cœur ouvert de son passage dépressif dans Lay me Bare. « Mr Skeng » peut baisser la garde, l’ascension est terminée : il est arrivé au sommet.
Jeune ambassadeur de l’univers grime, Stormzy continue de gravir les échelons et de faire honneur à ses prédécesseurs royaux que sont Skepta et Crazy Titch. Toujours en pleine ascension, le rappeur prince pourrait bien se voir un jour, lui-aussi, auréolé d’une couronne.