Si son premier EP s’intitule « Silver Tej », Tejdeen ne se contentera pas de l’argent et ira chercher l’or. Sorti le 17 avril, son premier projet dévoile l’étendue de son potentiel. Cohérent et original, l’EP de cinq titres met en lumière le talent brut de l’artiste.
Avec un univers déjà bien défini, le titre God Damn au refrain entêtant donne le ton. Un voile sur la voix, Tejdeen nous emporte avec lui dans ses tentations amoureuses. Une tentation mise en image dans le clip du morceau qui accompagne la sortie de l’EP. À l’image du titre, des nuances de couleurs s’entremêlent dans une atmosphère planante et légère.
De la légèreté de l’amour à l’ardeur de la quête de l’argent, il n’y a qu’un pas. Le titre Wari (argent en bambara, langue nationale du Mali) invite à bouger la tête en rythme avec l’egotrip du morceau. Vite rattrapé par sa mélancolie, Tejdeen fait usage de son flow céleste dans Grillz : « Je ne sais plus comment rire, je me demande à qui la faute. Pose un grillz sur mon sourire, j’ai l’air trop morose ».
Au total, cinq titres courts et efficaces qui confirment que Tejdeen a plus d’une corde à son arc. Avec ce projet, l’artiste ne cache pas ses ambitions : « J’ai besoin d’une fenêtre sur le monde, que ma voix s’propage sur les ondes » (Grillz).
Pour le moment, il navigue seul et « pour l’heure incompris, l’air imbécile, moi, mes sons et mes dreams »(Difficile). Artiste indépendant, Tejdeen est autant rappeur que producteur. Sur « Silver Tej », quatre prods sur cinq sont signés de lui. Seul le dernier titre Backseat a été produit par le beatmaker Kosei. Ce morceau, qui clôt le projet, dénote du ton chantant de l’EP et permet à Tejdeen de montrer qu’il sait aussi kicker.
Avant « Silver Tej », l’artiste avait déjà sorti quatre titres individuels en 2018 et a notamment collaboré avec DTF sur le titre Les Princes en 2015 ou avec le rappeur Cashmire sur le titre Princesse Raiponce en 2017. Des rappeurs aux univers proches liés par la mouvance du cloud rap.
Un univers singulier
Dans la même lignée, les grillz de sa pochette d’EP rappellent celles de la cover de l’album « Trinity » de Laylow. Loin d’être leur seul point commun, les deux rappeurs du sud de la France ont eu l’occasion de se rencontrer alors que le lyonnais Tejdeen assurait, en avril 2018, la première partie du concert du toulousain. Deux univers musicales proches et hypnotisant où les voix chantent en grésillant.
Proches aussi par l’originalité de leur proposition sur la scène rap actuelle. Ils se démarquent par la singularité de leur univers, une utilisation très personnelle de l’autotune et des visuels uniques. À l’image des clips de Tejdeen, tous réalisés par la société Augure, dont l’esthétique colorée accompagne l’ambiance planante des morceaux.
« God Damn », c’est en tout cas le sentiment que laisse la découverte d’un artiste comme Tejdeen. Des visuels travaillés, un univers marqué et du talent à revendre. Tejdeen se fait discret mais attire les regards en coulisses. Tous conscients du potentiel dont regorge l’artiste. Prenez donc 11 minutes et 44 secondes (durée de l’EP) pour écouter « Silver Tej », un projet efficace comme une porte d’entrée vers un autre monde, en pleine expansion : « Silver Tej arrive, ça m’suffit pas, il m’faut le gold, le platine » (Backseat).