Depuis sa sortie le 18 mars dernier, « L’Amour », le nouvel album de Disiz, rencontre un succès grandissant. Le morceau Rencontre, en featuring avec Damso, compte déjà plus de cinq millions de stream à lui seul. Mosaïque a rencontré LUCASV, le jeune compositeur de 24 ans derrière cet opus aux sonorités pop-rock, dans son studio d’enregistrement du 20ème arrondissement de Paris.
Avant de vous plonger dans notre face à face avec le compositeur LUCASV, merci de soutenir Mosaïque ! En nous lisant, vous soutenez un journalisme rap indépendant. Vos lectures et vos partages sont notre soutien le plus essentiel. N’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux, et à recommander Mosaïque autour de vous !
Tejdeen
«C’était éprouvant putain. Je ne voyais plus grand monde… On a fait de réels sacrifices pour sortir cet album », se souvient Lucas Vuaflart, compositeur de l’album « L’Amour ». Pour cause, le treizième album de l’artiste Disiz a pris près de quatre ans à être conceptualisé, écrit et enregistré. « On a commencé à travailler sur l’album au printemps 2019, au moment où Disiz finissait son Zilla Tour », explique le jeune « producer », comme il aime se nommer, stagiaire aux studios de la Seine de Paris à l’époque.
Tout part d’une rencontre hasardeuse. « Un jour, les musiciens et les producteurs de Disiz n’étaient pas présents au studio. Il m’a donc demandé si je pouvais le dépanner avec un morceau de piano ou de batterie. Au fur et à mesure, on s’est super bien entendu. C’est comme ça que je me suis retrouvé à composer tout l’album », raconte le musicien.
C’est de cette manière qu’à tout juste 21 ans, LUCASV se retrouve propulsé dans la conception de « L’Amour » alors qu’au départ, il assistait l’ingénieur du son de l’artiste. « Au début, j’ai ressenti une forme de culpabilité. Je me suis dis : “Des mecs de 30 ans bossaient sur ce projet et je leur prends leur place comme ça”. Je me suis demandé pourquoi il m’avait choisi moi et pas un autre. Mais finalement, j’ai rapidement dépassé ça. Et puis, j’ai toujours voulu tout niquer, dit-il en riant avant de préciser : C’est la mentalité américaine ! », en faisant référence à ses quelques années passées de l’autre côté de l’Atlantique en tant que lycéen.
La sortie du disque de Disiz décalé de trois ans
« L’Amour » aurait dû voir le jour en 2019. Du moins, c’est ce que Disiz souhaitait. « Je lui ai rapidement fait comprendre qu’il ne sortirait qu’en 2022 et il a eu l’intelligence de nous laisser le temps », explique Lucas, le sourire aux lèvres. Mais pourquoi a‑t-il fallu autant de temps ? Selon lui, rien ne devait être laissé au hasard. « J’étais absorbé par ce projet. Je suis allé jusqu’à mixer l’album alors que c’était à quelqu’un d’autre de le faire. J’étais limite trop impliqué », se souvient-il.
Quand Andy S pense rap.
Crédit : Lia Goarand pour Mosaïque.
Quand Andy S pense rap.
Un trait de caractère qui l’a davantage rapproché de Disiz. « Il s’est donné corps et âme pour cet album. Il ne faisait même plus attention à ce qu’il y avait autour. Le parfait exemple, c’est sa voiture. Elle tombait en ruine et pourtant on enchaînait les Paris-Nice avec. Jusqu’au jour où il m’appelle à une heure du matin en me disant : “Putain, Lucas, un pneu vient d’éclater sur l’autoroute” », raconte-t-il en imitant l’artiste d’une voix rauque et assure : « Le truc, c’est qu’il est tellement obsessionnel avec la musique, comme moi, que tout ce qui était en dehors de l’album n’avait pas son attention. »
« Cet album, c’est comme mon bébé »
Très vite, le duo devient complémentaire. Assis sur sa chaîne de bureau, Lucas revient sur les trois ans et demi qui ont précédé la sortie de l’album. Les fous rires, les confidences mais aussi les ruptures vécues par l’un comme par l’autre. Disiz devient alors Sérigne (Son vrai prénom, NDLR), « un vrai pote » avec qui il passe de plus en plus de temps. « Ce qui fait la beauté de ce projet, c’est qu’on a appris à se connaître en dehors de la musique. Je connais bien ses enfants, sa nouvelle copine etc. Il vient souvent chez moi et connaît mes parents. Il parle avec mon frère et ma sœur sur les réseaux sociaux… C’est assez fou », confie le musicien.
Le compositeur LUCASV. Crédit : Lia Goarand pour Mosaïque.
Alors, quand Lucas félicite Disiz pour ses entrées en playlists ou les retours élogieux qu’il reçoit depuis la sortie de son nouvel opus, l’artiste le gronde. « Sérigne me reprend tout le temps en disant « nous ». Il dit toujours que c’est notre album et insiste pour inscrire mon prénom partout. Ça fait vraiment plaisir. » Pour cause, Lucas a produit quatorze des quinze titres présents sur « L’Amour ». « Honnêtement, c’est un projet que j’aurais pu sortir sous mon nom sans aucun problème. Cet album, c’est comme mon bébé », insiste le compositeur, lui-même intéressé par la chanson.
Réinventer Disiz
Ce retour sur le devant de la scène ne ressemble en rien aux précédents. Cette fois-ci, Disiz revient avec des sonorités pop-rock à l’inverse de ses albums d’avant davantage axés sur le rap. Un changement nécessaire d’après Lucas : « Sérigne s’est vraiment renouvelé de A à Z avec ce projet. Il m’a même dit qu’il avait enfin fait la musique dont il a toujours rêvé. »
« Disiz est mis dans la case du rappeur qui est dans le coin depuis plus de 20 ans mais qui n’arrive pas à atteindre la notoriété d’un Orelsan ou d’un Lomepal, malgré son talent incontestable », estime-t-il. « Le souci, c’est qu’à chaque interview on le ramène 20 ans en arrière avec son tube J’pète les plombs alors qu’il souhaite s’en détacher et passer à autre chose. » C’est dans cet esprit que CASINO, le single phare de l’album, a vu le jour. En jouant quelques notes sur l’un de ses claviers, il raconte : « C’est le single qui a annoncé la couleur de l’album. C’est un morceau qui a une signification particulière pour nous puisque c’est le premier son qui est sorti. »
Près d’une soixantaine de morceaux enregistrés avec Disiz
Après plusieurs mois passés sur l’album, le duo a eu besoin de se ressourcer dans le sud : « Il fallait qu’on prenne du recul. On a donc décidé de se rendre à Nice, le temps d’une semaine, accompagné de notre crew. Yagooz qui a fait les clips de CASINO et de RENCONTRE mais aussi Panayotis et d’autres étaient présents. Ça nous a permis de nous détendre et de faire autre chose que de la musique. Cette petite pause nous a permis d’avancer et de donner naissance à des morceaux festifs comme KLIMT — TERMINAL 2 ou EMOJI SOLEIL JAUNE. »
Le compositeur LUCASV. Crédit : Lia Goarand pour Mosaïque.
Un magnétophone à bande est posé sur un coin du bureau du compositeur. C’est là-dessus que l’album a été enregistré pour obtenir « un son super beau et une couleur hyper chaude. On entend un souffle sur le son qui délivre un aspect authentique sur les morceaux. »
L’album a été pensé et travaillé dans les moindres détails. Tellement que le duo a enregistré une soixantaine de morceaux. Tous gardés précieusement dans un dossier par Lucas. « On finira peut-être par en sortir quelques-uns. Tout dépend de Sérigne », conclut-il en fermant la page de son ordinateur.
Si le face à face avec LUCASV vous a plu, n’hésitez pas à le partager ! Pour savoir les prochains articles à venir, les exclus de la rédaction et les coulisses, abonnez-vous à notre newsletter :
Retrouvez Disiz et son album « L’Amour » en couverture de la MOSA’Hit. Notre playlist disponible sur toutes les plateformes en cliquant ICI.