En 2020, pendant le premier confinement, Tejdeen sort son premier projet « Silver Tej ». Suivi un an plus tard de « Golden Tej ». L’argent, l’or, puis le platine, c’est naturellement qu’il dévoile aujourd’hui son troisième EP « PLATINUM TEJ ». Avec ce projet, le Lyonnais clôture une trilogie pour introduire son identité et sa musique sur la scène rap émergente. Mosaïque est allé à sa rencontre dans son quartier de La Guillotière à Lyon. Portrait du jeune rappeur de 23 ans.
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Tejdeen
C’est au cours d’une journée lyonnaise ensoleillée que Tejdeen nous accueille dans son quartier de La Guillotière. Accompagné de ses ami.e.s Jason et Olive, l’artiste est souriant, ravi de nous offrir sa première prise de parole. Il y a deux ans, lors de la sortie de son premier projet, Tejdeen ne se sentait pas prêt. « Vous êtes ma première interview parce qu’avant, c’était trop tôt. Je n’avais pas grand chose à raconter », confie-t-il. En face des quais du Rhône, l’artiste de 23 ans a choisi un bar de son quartier pour se livrer. Tout juste diplômé d’un master d’information et de communication, Alexandre de son vrai nom, compte désormais se consacrer pleinement à sa musique.: « C’était important pour moi et ma famille de sécuriser un diplôme. Que la musique ne soit pas le plan A de ma vie. Mais maintenant je sens que c’est le bon moment. »
Arrivé à Lyon à 17 ans, l’artiste a sorti deux projets depuis 2020. Chacun d’entre eux porte le nom de « Tej », son deuxième prénom, qui signifie « couronne » en arabe. Le dernier de la trilogie, disponible depuis minuit, ne déroge pas à la règle : « PLATINUM TEJ ». Dans sa veste Puma bleu électrique, Tejdeen est confiant.: « C’est un projet que je vais pouvoir défendre à 100 %. Je suis sûr qu’il me ressemble, que c’est ce que j’ai envie de donner. J’ai l’impression d’atteindre sérieusement ce que je voulais faire dans la musique depuis le début. Je trouve aussi que je dis mieux les choses. »
Tejdeen, le beatmaker
À ses côtés, Olive et Jason forment « Augure », la boîte de production qui réalise chacun de ses visuels et de ses clips depuis le départ. Derrière sa casquette rose Pigalle et son sweat mauve, Jason se souvient de sa rencontre avec Alexandre.: « À l’époque, il ne rappait pas encore et il postait ses prods sur Twitter. J’avais adoré l’une d’entre elles et je lui avais envoyé un message. Bizarrement, on avait des amis en commun de Lyon et des influences communes comme Take A Mic. On était vraiment des diggers. On écoutait des gars comme Laylow et Oboy sur Soundcloud. C’est lors d’un concert que l’on s’est rencontrés en vrai pour la première fois. »
Tejdeen
Jason, Tejdeen et Olive. Crédit : Lise Lacombe pour Mosaïque.
À cette époque, Tejdeen est avant tout un producteur. Il parvient à placer pour le groupe DTF en 2015 sur le morceau Les Princes. Il se souvient : « À ce moment là, je cherchais à m’approcher de PNL. Je me rappelle leur avoir envoyé une prod par mail avec pour objet : « La prod qu’il vous faut » (rires). Évidemment, je n’ai jamais eu de réponse. ».Un peu plus tard, en 2016, il collabore avec le Parisien Cashmire sur quatre morceaux du projet « PoeticGhettoSound ».
Mais le Lyonnais le sait, il finira par « mettre sa voix » sur ses productions. Il publie donc quelques morceaux sur Soundcloud. Son ami et manager Jason sourit, laissant apparaître ses grillz argentées, et raconte : « J’étais fan de Kanye West et je trouvais qu’il n’y avait pas trop de truc électro en France à part Myth Syzer. Quand j’entends Tejdeen pour la première fois, je me dis qu’il est différent des rappeurs de l’époque qui étaient dans la mouvance 1995, boom bap. Je kiffais Hamza aussi. Ça paraît normal aujourd’hui mais à l’époque, il n’y avait pas grand monde qui faisait ça. »
Tejdeen en première partie de Laylow
De son côté, Jason lui fait des études de cinéma. Il profite de pouvoir emprunter la caméra de son école pour tourner des clips de mode, des visuels lifestyle et quelques clips pour des rappeurs émergents de Lyon comme Mvzoo. Petit à petit, il intègre la sphère rap lyonnaise et programme des concerts dans la ville.
Tejdeen dans la boutique Focus à Lyon. Crédit : Lise Lacombe pour Mosaïque.
C’est ainsi qu’en 2018, Tejdeen se retrouve en première partie d’un concert de Laylow à La Marquise organisé par Jason qui se rappelle : « C’était le seul artiste auquel j’ai pensé et qui correspondait à l’univers de Laylow à ce moment-là à Lyon ». Juste à côté, entre deux gorgées de café, le rappeur sourit : « Je me rappelle que je n’ai même pas croisé Laylow. Il est arrivé en retard et il a fait le concert avec mes balances (rires). C’était assez catastrophique, mais c’était super. C’était la première fois que j’ai pu ramener ma famille et mes potes pour me voir sur scène. »
Une quête identitaire
Au fil du temps, Olive, une amie du lycée de Jason, rejoint l’aventure et ensemble il.elle lance « Augure » qui réalise aujourd’hui des visuels pour Tawsen ou encore de Still Fresh. Dès 2018, il.elle.s mettent en image le premier double clip de Tejdeen pour les titres Prêt et Oh God, « pour faire plaisir à la scène Soundcloud qui l’attendait », explique Jason. Pour le tourner, il.elle.s s’incrustent tou.te.s les trois à une soirée Halloween organisée à Lyon et tourne au milieu d’inconnu.e.s.
Tejdeen
Le trio s’amuse aujourd’hui de l’improvisation du clip mais Olive explique : « On ne voulait pas regretter les visuels. On imaginait déjà un cheminement avec les prochains projets. Comme Tej n’était pas encore identifié sur la scène rap, l’idée c’était de l’humaniser au fur et à mesure des covers. La première pochette, il ressemble presque à un alien, sur celle du deuxième projet, il y a plus de détails et la troisième… Il faut encore qu’on la fasse (rires). » Depuis notre rencontre, la cover est désormais disponible et laisse apparaître le visage de Tejdeen. Symbole de son évolution musicale, elle humanise celui qui n’était jusque-là qu’un objet digital en pleine construction.
Cover du projet « PLATINUM TEJ ». Crédit : Augure.
Amusé lorsqu’on lui demande s’il se sent appartenir à la « new wave » du rap français, il préfère nuancer : « Je ne connais pas assez ce que veut dire la new wave pour dire si j’y appartiens ou pas. Il y a des gens qui montent et se connectent ensemble. Par la force des choses, tout le monde se connaît plus ou moins. On a tous des influences communes. Mais je ne me sens pas appartenir à un mouvement. Il était question qu’on fasse un morceau avec Khali mais ça ne s’est pas fait. Je suis plus connecté aux producteurs de cette génération qu’aux rappeurs. »
100 % lyonnais
Avant de quitter la ville des Lumières, Tejdeen et ses ami.e.s tiennent à nous faire visiter quelques coins. De la boutique Focus tenue par l’un de leurs amis proches en passant par les quais et la place Bellecour, le trio raconte au fil de la balade leurs anecdotes ensemble. En passant devant la Marquise, Alexandre se remémore sa première partie au concert de Laylow tout en nous confiant sa passion pour le stand-up et son rêve de collaborer avec l’artiste jamaïcain Beam.
Crédit : Lise Lacombe pour Mosaïque.
C’est un Tejdeen désormais auréolé de sa couronne de platine que nous quittons dans la quartier de La Guillotière, là où nous avions retrouvé la petite bande. « Je suis encore jeune et frais, c’est le bon timing », nous rappelle-t-il confiant, prêt à se lancer dans la course au diamant.
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