Mosaïque
Tedax Max

Tedax Max a délivré en 2021 une série de trois EP : « Forme Olympique », « Forme Olympique : Mid­dle Sea­son » et « Forme Olympique : Final Sea­son ». À tra­vers ces pro­jets, le rappeur d’une trentaine d’années souhaite occu­per l’espace pour don­ner une chance à sa car­rière de décoller. Ce sprint musi­cal a‑t-il tenu ses promess­es ? Mosaïque s’est ren­du dans son quarti­er, à Lyon, pour faire le bilan.


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Tedax Max

«Ici c’est rue Paul Bert, c’est là où je vis, c’est réel », lance Tedax Max en pointant du doigt le petit écriteau bleu de la rue lyon­naise. Cet endroit, il le rappe dans cha­cun de ses trois pre­miers EP sor­tis en 2021 : « Forme Olympique », « Forme Olympique : Mid­dle Sea­son » et « Forme Olympique : Final Sea­son ». Dans la peau d’un guide touris­tique, le rappeur déam­bule dans les rues de son quarti­er, La Guil­lotière, situé en plein cen­tre-ville, auquel il est très attaché. Une fois arrivé sur la place Voltaire, ce jeune bar­bu à la trentaine se fait régulière­ment inter­peller : « Eh je suis en inter­view », se jus­ti­fie-t-il auprès de ses compères.

Les habitant.e.s de ce recoin sont fier.e.s de venir saluer celui qui est presque devenu une star locale. En un an, l’artiste a délivré un trip­tyque remar­qué. Un sprint pour espér­er embrass­er le début d’une car­rière. « Dans le morceau Com­bine, je dis : “J’ai plus le temps d’avoir le temps”. J’ai trente ans, j’ai per­du beau­coup de temps. Je suis même pas dans une optique de marcher et faire des sous, c’est vrai­ment le faire avant de regret­ter. Même si j’ai pas d’auditeurs, je suis fier de pou­voir taper mon nom sur inter­net et de pou­voir écouter un pro­jet avec une cov­er et tout… », explique-t-il.

Tedax Max : le renouveau du « rap de kickeur »

C’est dans cette même urgence que Ted, de son vrai nom, pub­lie son pre­mier EP, « Forme Olympique », un 1er jan­vi­er 2021. Il se remé­more : « Fal­lait aller vite. Je voulais arriv­er en début d’année pour qu’on me voit. Per­son­ne me con­naît mais voilà j’suis là ! ». La nou­velle année à peine son­née, le pro­jet résonne déjà avec un nom ambitieux et une cov­er mys­tique qui s’inspire d’une pein­ture de René-Antoine Houasse, met­tant en scène le dieu Jupiter façon gang­ster. Et cerise sur le gâteau : « Alpha Wann a tout de suite partagé, ça a fait beau­coup de bruit, c’était le bon timing. » 

Un bon tim­ing pour celui qui con­sid­ère vivre le renou­veau du « rap de kickeur » : « Quand Freeze Cor­leone a sor­ti « LMF », ça m’a con­forté. Je suis vrai­ment un tal­iban quand je ren­tre en cab­ine. Je suis là pour découper. Par­fois, mes gars me dis­ent de met­tre un petit son mielleux et tout mais non ! Ça va être juste être noir. » 

La machine est lancée. L’idée d’une série de trois EP se man­i­feste : « On s’est dit, pourquoi pas ? Ils le font aux USA, alors pour pourquoi pas nous ? Finale­ment c’est grâce à ça que je suis là. Grâce au matraquage on a fidélisé les gens », observe-t-il, une cig­a­rette au bec. Si le pre­mier volet est instinc­tif, la suite est plan­i­fiée. Même rythme, même cadence. Il avance sur le deux­ième volet : « Forme Olympique : Mid­dle Sea­son » : « J’écrivais tous les jours, la musique allait super vite. Et je suis super effi­cace. Le stu­dio je le paye, c’est de l’argent. Alors je suis pas là pour faire des snaps. Tout est déjà écrit et je pose tout très rapidement ».

« Forme Olympique : Middle Season » et un passage par COLORS

Change­ment d’ambiance. Dans le deux­ième EP, Tedax Max emmène son flow aux États-Unis et affiche avec trans­parence des sonorités sud­istes. Influ­encé par « Cash Mon­ey, Mas­ter P, Three 6 Mafia ou A$AP Rocky avec son tout pre­mier pro­jet couleur Hus­ton », il flirte avec le chopped and screwed (une tech­nique de remix du hip-hop lancée dans les années 1990 qui ralen­tit le tem­po, NDLR) et les ambiances de Los Ange­les dans le morceau Long Beach. « Des prods qui tapent et des voix gon­flées », telle est la recette du rappeur lyon­nais pour garder l’attention du pub­lic lors de sa sor­tie en juin 2021.

À la même péri­ode, l’artiste est approché par les équipes du stu­dio COLORS de pas­sage à Paris, pour inter­préter le morceau inédit J’te Jure. Une con­sécra­tion que l’artiste n’a pas réal­isé tout de suite, pris dans sa spi­rale créa­trice. « Ils m’avaient déjà DM, je n’avais même pas vu et ils sont revenus vers moi en mode : “Excuse-nous de te déranger”. On aurait pu croire que j’étais pas intéressé alors que si ! », con­fesse-t-il en ajoutant avec un regard mali­cieux : « C’était lourd. Je vais pas me la racon­ter, mais j’ai fait que deux pris­es et la pre­mière était déjà bonne ! ».

Tedax Max : « L’important c’est de se faire plaisir »

La musique va vite et entraîne de pre­mières ren­trées finan­cières. « Je ne vis pas encore de tout ça. Ça com­mence tout juste à pay­er les clips et le stu­dio. Je peux faire du son avec l’argent de la musique. Mais ça avance et main­tenant on est cité par Meh­di Maïzi, YARD… On nous voit parce qu’on a char­bon­né et on a des propo­si­tions de l’industrie. Alors on va pou­voir bien­tôt par­ler oseille et bonne dis­trib’ », pré­cise Ted. Mais le rappeur ne perd pas le sens des pri­or­ités. Pour le dernier volet « Forme Olympique : Final Sea­son », pub­lié en décem­bre 2021, « l’important c’était de se faire plaisir. »

« C’est le pro­jet que je préfère. Il me ressem­ble. New-York c’est mon univers, mon flow, ma façon de poser. » 

Tedax Max pour Mosaïque

Et pour clô­tur­er le trip­tyque, il s’entoure des pro­duc­teurs Nars et Sidi Sid avec qui il va créer une atmo­sphère 100 % new-yorkaise. « Sidi Sid me fai­sait écouter des prods à la Roc Mar­ciano et je lui dis­ais : “Mais je raf­fole de ça moi !”. Il me répondait : “Per­son­ne ne rappe sur des trucs comme ça en France.” » Comme avant la sor­tie du pre­mier EP, c’est le paysage rap qui le con­forte dans son choix artis­tique : « Au début je me dis­ais que ça allait être trop noir. Mais j’ai vu NAS (un rappeur orig­i­naire de Brook­lyn, NDLR) sor­tir son pro­jet au même moment. J’étais en plein dedans. Ça m’a convaincu. »

C’est finale­ment sur la dernière marche de cette année intense que Tedax Max se recon­naît le plus : « C’est le pro­jet que je préfère. Il me ressem­ble. New-York c’est mon univers, mon flow, ma façon de pos­er. » 

Une « mixtape » pour cette année

Ain­si, il ne lui a fal­lu que trois séances en stu­dio pour enreg­istr­er les onze titres. La con­fi­ance règne, même lors de la semaine de sor­tie durant laque­lle il se per­met de rajouter le morceau Harlem Man­hat­tan au tout dernier moment. Il cul­tive d’ailleurs cette méth­ode de tra­vail qu’il qual­i­fie de « bâclé » jusque sur la pochette qu’il a lui-même réal­isée. « Je me suis inspiré d’une pein­ture, je me rap­pelle plus laque­lle (rires). J’ai rajouté des détails un peu gang : la bouteille, la weed, les grills… J’ai tout fait sur Pho­to­shop à l’arrache. C’est ça que j’aime, ça fait par­tie de moi. »

2021 est ter­miné. Place à la suite. Tedax Max qui n’est « tou­jours pas fatigué » con­tin­ue d’être pro­duc­tif tout en souhai­tant espac­er davan­tage ses sor­ties. Et si ses trois pre­miers EP ne com­por­taient qu’un seul fea­tur­ing avec son acolyte Laws Baby­face sur le titre Thomas & Laim­beer, il a depuis déjà cof­fré « plusieurs col­lab­o­ra­tions encore secrètes ». Même s’il glisse qu’il aimerait vrai­ment pou­voir crois­er le fer avec « Lim­sa d’Aulnay et Mac Tyer, ça serait fou ». Et con­cer­nant le prochain pro­jet prévu cette année, « ce ne sera pas encore un album, sûre­ment une tape. J’ai déjà la cov­er et le titre. Un peu en anglais avec une petite réf à Lyon. » Mais il prévient : « Tout peut encore changer ! »


clips

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