Mosaïque
Révélations

Après s’être révélé avec son pre­mier pro­jet « Tsu­ki » en juil­let 2020 et un mois et demi après la sor­tie promet­teuse de son EP « Théia » en mars 2021, So La Lune signe son retour avec « Satel­lite naturel ». Un pro­jet de cinq morceaux dévoilé ce ven­dre­di 7 mai. S’il ne s’est pas encore beau­coup exprimé sur son art ailleurs que dans ses textes, l’artiste a accep­té de s’en­tretenir avec nous en exclu­siv­ité. Ren­con­tre à dis­tance avec le rappeur orig­i­naire de Lyon qui s’est con­fié à Mosaïque sur son dernier pro­jet, pour l’une de ses pre­mières interviews.

Il l’avoue de but en blanc, le rappeur de 23 ans n’est pas très friand des inter­views. « J’ai rien con­tre, con­fie-t-il en riant. J’aime bien en regarder, mais le faire c’est pas trop mon truc. » Son man­ag­er — et ami — Alex­is, qui l’accompagne depuis le début, le pousse à se livr­er davan­tage. L’exercice est en effet néces­saire, ne serait-ce que pour assur­er sa pro­mo­tion. Mais c’est aus­si un moyen pour l’artiste d’aller à la ren­con­tre de son pub­lic, lui qui espère se pro­duire en con­cert dès la sor­tie de la crise san­i­taire. « Les pre­mières scènes, c’est demain, même s’il n’en a pas for­cé­ment con­science », abonde Alexis. 

Très ent­hou­si­aste de l’accueil qu’a reçu « Théia », son EP de cinq titres sor­ti en mars dernier, So La Lune est impa­tient « d’envoyer le deux­ième » qui sort ce ven­dre­di 7 mai 2021. Suiv­ront ensuite deux autres pro­jets du même acabit. Un choix assumé par le rappeur qui priv­ilégie ce type de for­mat con­den­sé à celui d’un album « clas­sique ». « Être présent de manière récur­rente, ça lui per­me­t­tra aus­si de se val­oris­er le jour où il sor­ti­ra un long for­mat », con­clut son man­ag­er. Si aucun fea­tur­ing n’apparaît sur ces deux derniers EP, l’artiste n’exclut pas cette éven­tu­al­ité pour les pro­jets à venir, tout en évo­quant des col­lab­o­ra­tions déjà actées avec son ami Rouge Carmin, ou encore le rappeur Elh Kmer, signé comme lui par le label indépen­dant Low Wood.

Mar­que de fab­rique de l’artiste que l’on retrou­ve au fil de ses pro­jets : le crois­sant lunaire. Son pre­mier EP inti­t­ulé « Tsu­ki » (“lune” en japon­ais), sor­ti en  juil­let 2020, est un clin d’œil à l’intérêt de So pour l’univers des man­gas. « Théia » fait aus­si référence au satel­lite qui aurait don­né nais­sance à la lune suite à une col­li­sion avec la Terre. C’est donc tout naturelle­ment que lui est venu le titre « Satel­lite naturel », syn­onyme de son astre fétiche. L’artiste s’attache cepen­dant à don­ner une couleur par­ti­c­ulière à cha­cun de ses pro­jets et ne cache pas avoir évolué au fil des années en affi­nant son style : « Mes morceaux sont plus lis­i­bles aujour­d’hui. Pour un mec qui me décou­vre, c’est plus facile d’accès », admet-il. 

Une évo­lu­tion qui se traduit égale­ment par une diver­sité remar­quée sur ce nou­veau pro­jet. Habitué des prods planantes, So La Lune innove avec le morceau Diag­nos­tic, plus ryth­mé et moins mélan­col­ique dans la forme : « Il n’y a pas vingt sons comme ça, c’est sûr. Mais quand j’ai reçu la prod, j’ai kif­fé. J’ai grat­té le texte, ça m’est venu comme ça. » Le rappeur y abor­de par ailleurs un sujet lourd : « J’ai choisi d’évo­quer la schiz­o­phrénie pour imager mes humeurs. »

Pour autant, l’artiste refuse de se trahir. En témoignent les thèmes abor­dés dans ses chan­sons, dans lesquelles il évoque pêle-mêle sa vie noc­turne, les rela­tions humaines, sa mélan­col­ie ou encore la course à l’argent, syn­onyme de recon­nais­sance. À demi-mot, le rappeur avoue ensuite qu’il n’aimait pas beau­coup l’école qu’il a vite désertée, comme il le décrit dans le troisième track Malade : « J’ai quit­té l’école. » À l’âge de 14 ans, il est envoyé aux Comores, au nord de Mada­gas­car, pays d’origine de son père. Après qua­tre ans passés sur celles que l’on surnomme les « îles de la lune », il s’installe à Paris, bien décidé à se con­sacr­er pleine­ment à la musique. « Ça a fait évoluer ma manière de rap­per, j’ai notam­ment com­mencé à écouter du rap US. Avant j’écoutais unique­ment des rappeurs de Lyon (rires) ! »

S’il peine à évo­quer plus en détail ses fis­sures de vie en inter­view, So La Lune se livre de façon très intro­spec­tive dans sa musique : « C’est plus sim­ple d’écrire, je ne me lim­ite pas. J’écris tout ce que je pense. » Une plume que son équipe envis­age de met­tre, si l’occasion se présente, au ser­vice des autres. « Je pense qu’il aura la fac­ulté de se gliss­er dans la peau de cer­tains et de pro­pos­er des textes », pré­cise son man­ag­er. Le rappeur le char­rie : « Si y’a des sous à faire, pourquoi pas ! (rires) »

Tou­jours remar­quable dans « Satel­lite naturel », son tim­bre de voix par­ti­c­uli­er per­met à So La Lune de se démar­quer dans un milieu très pro­lifique. Par­fois com­paré à Gam­bi ou à Nusky,  le rappeur affirme pour­tant qu’il ne les écoute pas par­ti­c­ulière­ment. Quelles sont ses influ­ences ? « Ça fait deux ans que j’écoute qua­si exclu­sive­ment nos sons », en référence au micro­cosme dans lequel il évolue : sa colo­ca­tion parisi­enne avec Rouge Carmin, Vrsa Drip ou encore Zzzucci. 

Une ambiance pro­duc­tive : « Même quand je suis chez moi je bosse. Après l’interview je vais enreg­istr­er un son d’ailleurs ! » Dans le titre Malade, qui fig­ure sur « Satel­lite naturel », il affirme d’ailleurs « qu’il fait trente sons par semaine ». Exagéra­tion ? « Quand je suis en forme c’est ça. » La promesse de nom­breux pro­jets à venir pour celui qui prévoit que 2021 sera son année dans le morceau CLM : « C’est mon année j’le dis depuis 2k13. »

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