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Après avoir signé son retour avec le sin­gle Mal­aboy, Chancelin alias Chanceko s’est remis en selle avec son nou­v­el EP « Gau­ra », sor­ti ven­dre­di 30 octo­bre 2020. Haut en couleur.

« Après la pluie vien­dra l’arc-en-ciel », fre­donne Chanceko sur le morceau Arc-en-ciel, extrait de son EP « Gau­ra », sor­ti ven­dre­di 30 octo­bre 2020. Lumineux sans éblouir, chaleureux sans brûler, l’artiste pro­pose qua­tre morceaux remar­qués qui sig­nent son implan­ta­tion dans le paysage musi­cal français.

Sa voix cou­verte par une auto-tune cristalline dénote et se super­pose à un med­ley d’instrumentales aux nuances cohérentes. Un souci du détail qui n’a pas échap­pé au rappeur qui porte aus­si la cas­quette du beat­mak­er. Il est d’ailleurs à l’origine de nom­breuses prods sur ses pro­jets précé­dents, où il assur­ait lui-même le mix et le mas­ter­ing. À la manière d’un chef d’orchestre, il artic­ule sept com­pos­i­teurs autour de lui, pour créer une couleur unie. Reliés par le son, à défaut de l’être par les textes, les morceaux agis­sent tels des sin­gles indépendants.

Une recette à maturité

Un pro­duit joli­ment embal­lé pour celui qui se tar­gue désor­mais de récolter « La SACEM de Chan­tal Goya ». Il sem­ble en tout cas trou­ver un point d’équilibre artis­tique, après plusieurs années de recherch­es. En effet, le jeune rappeur de Meaux, en Seine-et-Marne, n’en est plus à ses pre­mières maque­ttes. Ses pre­miers textes datent des bancs d’écoles et de ses pre­miers passe-passe avec son ami Pick­e­to. Qua­tre pro­jets de l’artiste sont déjà disponibles sur les plate­formes dont l’EP « 18 », échoué sur Sound­Cloud en 2016, le six titres « 100 Regrets » en 2017, et « As des As 2.0 », aux allures d’un pre­mier album, daté de 2014.

Depuis trois ans, Chanceko a gravi dis­crète­ment les éch­e­lons et présente une recette qui a gag­né en matu­rité et a fini par se démar­quer. Sa sig­na­ture vocale si par­ti­c­ulière résonne désor­mais plus assurée. Il se balade tel un funam­bule entre le rap et le chant sur des flows hachés, ou des place­ments à con­tre-temps, comme avec le morceau Jacque­mus. Un titre inter­prété avec son ami Take A Mic, déjà présent sur son EP « 100 Regrets ».

Une production plus affinée

Alors que « Gau­ra » reprend quelques codes évi­dents de ses pre­miers sons, avec des refrains entê­tants et un phrasé sucré, le pro­jet affiche une pro­duc­tion plus affinée avec des ad-libs effi­caces. Les instru­men­tales ont aus­si gag­né en épais­seur : drums, syn­thés, trompettes ou lignes de guitare.

Un con­stat qui coïn­cide avec la présence d’Éric Chevet au mas­ter­ing du pro­jet. Un ingénieur du son d’ex­péri­ence qui compt­abilise les col­lab­o­ra­tions à suc­cès, avec des artistes comme Damso, Vald, Aya Naka­mu­ra, la Sex­ion d’As­saut, Kaaris, Dinos, Chilla ou encore Soolk­ing et Sofiane. 

Si Chanceko sem­ble mieux armé depuis sa sig­na­ture sur le label Par­lophone, il reste entouré de beat­mak­er présent depuis le début. Le com­pos­i­teur Some-1ne, avec qui il a déjà col­laboré à de maintes occa­sions, signe le dernier track du projet.

Une imagerie haut de gamme 

Le rappeur a aus­si souhaité épanouir une imagerie qui lui est pro­pre. L’esthétisme de la cov­er, réal­isée par le pein­tre Erwan­hiart, se retrou­ve dans des textes styl­isés qui appel­lent le goût raf­finé du fash­ion et de la mode. En témoigne le troisième morceau qui porte le nom du célèbre styl­iste français Jacque­mus. Un egotrip de luxe, qui tend à le mon­tr­er dans la peau d’un créa­teur for­tuné. Le rappeur coud du Chanceko, tout comme son sin­gle devient une belle pièce à porter.

Un démon­stra­tion qui dénote avec le texte plus intro­spec­tif d’Arc-en-ciel dans lequel il laisse entrevoir ses dif­fi­cultés et la pré­car­ité de son début de car­rière. Une thé­ma­tique abor­dée par dessus une instru­men­tale ensoleil­lée et dansante, tout en contraste.

Déjà bien accueil­li par la cri­tique, l’EP démon­tre une évo­lu­tion artis­tique et se mon­tre ambitieux. La vit­rine de Chanceko est aus­si promet­teuse que légère, en lais­sant entrevoir la capac­ité de pou­voir pro­pos­er des textes plus épais. Si le tal­ent n’est plus à prou­ver, le statut rester toute­fois à con­firmer et le poten­tiel tou­jours à développer.

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