Mosaïque

Arrivé dans le rap en 2014, Far­lot est l’une des fig­ures de ce qu’il aime appel­er la « nou­velle vague ». Un rap qui joue avec ses fron­tières sans oubli­er ses racines. Artiste éclec­tique, Far­lot puise son inspi­ra­tion aus­si bien dans le rap alle­mand que dans la House. À 23 ans, le rappeur limougeaud espère bien se faire une place dans l’univers du rap français. 

Tu n’es pas un artiste que l’on peut class­er facile­ment. On peut t’entendre rap­per sur de la tech­no, sur des ambiances plus old school… Com­ment te décrire ?

Je suis un mec qui adore touch­er à tout. Si tu m’as déjà enten­du sur de la house ou de l’électro, c’est par ce que j’ai un grand respect pour Grems, qui pose sur des prods assez tech­no et par­fois trap. La pre­mière fois que j’ai écouté un de ses sons, j’ai pété les plombs. Mais de manière générale, les prods house m’ont tou­jours fait kif­fer, au niveau du BPM notamment.

« Ça me plaît d’être inclass­able ! Je me dis que je pro­pose quelque chose qui sort du lot. »

Far­lot

D’où te vient cette ouver­ture musicale ?

J’ai beau­coup été influ­encé par mes frères. L’un écoutait pas mal de rap améri­cain à l’ancienne. L’autre beau­coup plus de rap français alter­natif comme TTC qui posait sur des prods assez house. Je con­som­mais ça à fond quand j’étais gamin. Pour­tant, chez TTC, les lyrics sont assez osés et par­fois très explicites, mais ça ne me dérangeait pas. Je pense que ça se ressent aujourd’hui dans ma musique.

L’é­clec­tisme, c’est une style artis­tique que tu souhaites développer ? 

Oui, ça me plaît d’être inclass­able ! (Rires) Au départ, c’était quelque chose qui me fai­sait peur. Main­tenant, ça me fait kif­fer et je me dis que je pro­pose quelque chose qui sort du lot.

Crédit : Robin Spiquel.

Con­cer­nant tes inspi­ra­tions, qu’est-ce qui tourne dans tes playlists ?

Beau­coup de scène alle­mande. Notam­ment Sym­ba et tout son groupe. Ce n’est pas un col­lec­tif, mais ils sont tou­jours dans le sou­tien les uns des autres. Ils se ser­rent les coudes pour réus­sir et c’est ça que je trou­ve incroy­able. Musi­cale­ment c’est très riche. En rap français : Michel, qui fait du hip-house. Dans les sons un peu plus trap, il y a 13 Block et Take A Mic. Et sinon, je dirais Ichon, pour son per­son­nage, son style et sa musique. Je le suis depuis très longtemps d’ailleurs.

Tu expliques faire de « l’égotrip élé­gant ». Imag­ines-tu un jour écrire des morceaux plus intro­spec­tifs te concernant ?

Quand ça sera plus sérieux, j’aimerais par­ler d’amour et de rup­tures amoureuses ou ami­cales. J’ai déjà fait pas mal de maque­ttes sur le sujet, mais pour le moment je garde ça pour moi. Au-delà de ça, je com­mence à par­ler de mes frères et de ma sœur. Con­cer­nant ma mère, je vais atten­dre encore un peu pour me dévoil­er. Il y a beau­coup de choses à dire.

Crédit : Robin Spiquel.

La passion du son 

Tu as écris tes pre­miers textes à l’âge de 17 ans. Quel est le déclic ?

J’é­coute du rap depuis que je suis gamin et je n’ai jamais vrai­ment écouté autre chose. En 2014 il y a eu un renou­veau autour du hip-hop, avec le vête­ment, le skate­board etc… À l’époque, j’écoutais des sons améri­cains « under­grounds » et la qual­ité n’était pas tou­jours au top. C’est à ce moment là que je me suis dit pourquoi pas moi ? Dans le sens où, pour se lancer, il y a pas for­cé­ment besoin d’un niveau incroyable. 

À la base, on était trois et on devait faire un groupe. Sauf que cha­cun grat­tait dans son coin et l’on repous­sait le lance­ment. Un jour, j’étais en heure de colle. J’avais 17 ans. C’est là que j’ai écris mon pre­mier texte. D’abord, je l’ai trou­vé affreux et je l’ai jeté à la poubelle. Je me suis dit que ce n’é­tait pas pour moi. En ren­trant chez moi, je m’y suis remis et j’ai tra­vail­lé. J’aimais beau­coup écrire et aujour­d’hui, on en est là.

« Dans mes morceaux, il n’y a pas d’insultes. Je suis un mec qui adore l’élégance. Je ne fais pas ça pour choquer. »

Far­lot

À l’époque, tu te fai­sais appel­er « Farlott15K ». Aujourd’hui, tu te présentes comme « Far­lot ». Qu’est-ce qui provoque ce changement ?

Lorsque l’on a com­mencé à poster des morceaux en dehors de Sound­cloud, mon nom a été un long débat dans mon équipe. On a mis beau­coup de temps à savoir si je gar­dais Farlott15K ou si je pas­sais à Far­lot. Finale­ment, je trou­ve Far­lot beau­coup plus classe, et c’est ce que je veux dégager. Dans mes morceaux, il n’y a pas d’insultes. Je suis un mec qui adore l’élégance. Je ne fais pas ça pour cho­quer. C’est pour ça que je suis à fond sur l’Angleterre et sur Londres.

Main­tenant que tu envis­ages une car­rière dans la musique, quelles sont les étapes que tu souhaites suivre ?

On va enchaîn­er les sin­gles jusqu’à ce que ça monte un peu plus. J’en­vis­age ensuite un petit pro­jet. Pour l’année prochaine je pense. Je me laisse du temps. À l’époque de Farlott15K, j’étais encore trop jeune. Je fai­sais beau­coup trop de choses et la qual­ité n’était pas au ren­dez-vous. Ce sont des morceaux que je ne peux plus écouter. Aujour­d’hui, je veux pro­pos­er un pro­jet que je suis fier de défendre, avec une pro­mo­tion autour.

« La musique m’aide à tenir, ça me per­met de me chang­er les idées et d’ou­bli­er la galère. J’ai dû faire pas mal de sac­ri­fice pour en faire, alors je suis déterminé. »

Far­lot

Qu’est-ce qui t’as poussé à con­tin­uer mal­gré le fait que tu ne ren­con­trais pas for­cé­ment le suc­cès escompté ?

S’en sor­tir dans cette indus­trie, c’est vrai­ment dif­fi­cile. Mais je suis né avec ça, le son c’est toute ma vie. La musique m’aide à tenir, ça me per­met de me chang­er les idées et d’ou­bli­er la galère. J’ai dû faire pas mal de sac­ri­fice pour en faire, alors je suis déterminé.

Tu tra­vailles à côté ? 

Avant j’étais vendeur, dans une fripe. Je pou­vais dig­ger des vête­ments et j’avais un patron super gen­til. C’est moi qui choi­sis­sais la bande son, donc je me fai­sais plaisir. Grâce à cet argent, j’ai pu acheter du matériel et inve­stir dans cer­taines pro­mo­tions. Aujour­d’hui, je suis à 100 % dans la musique. Mais je ne suis pas con­tre retra­vailler un jour, si j’en ai besoin. 

Crédit : Robin Spiquel.

En famille 

Com­bi­en de per­son­nes gravi­tent autour de Farlot ?

Ils sont trois. Il y a ma com­mu­ni­ty man­ag­er, mon ingénieur son, ZPL beats, et mon man­ag­er, ma mère. Je con­nais ma CM depuis cinq ans et on se voit tous les jours. Mon ingé habite à Nantes, mais nous sommes en con­tact per­ma­nent. On s’é­tait ren­con­tré en jan­vi­er 2018, je l’avais con­tac­té sur Insta­gram parce que j’aimais beau­coup ses prods. Il a com­mencé par me con­seiller, aujour­d’hui c’est lui qui réalise tous mes mixs.

Tu revendiques beau­coup le fait de tra­vailler en famille. Est-ce que tu comptes rester en indépendant ?

Je suis de plus en plus ouvert à des col­lab­o­ra­tions. À l’époque où je don­nais mes pre­mières inter­views, j’étais un gamin assez têtu. Je le suis tou­jours mais j’ai gran­di et je me dis qu’il y a rien de mieux que les col­lab­o­ra­tions. Pour ce qui est de l’équipe, je préfère rester en famille.

« Je suis obligé de rap­per Limo­ges, parce que c’est ma vie. » 

Far­lot

Dans une inter­view, tu dis­ais qu’une ville ne fait pas for­cé­ment ton rap. Limo­ges a‑t-elle une influ­ence sur ton art ?

Ça influ­ence énor­mé­ment ma musique dans le sens où j’ai gran­di ici. J’y ai fait toutes mes con­ner­ies quand j’étais gamin, c’est là où j’ai toutes mes con­nais­sances mais aus­si mes rup­tures ami­cales.… Finale­ment, je suis un peu obligé de rap­per cet endroit, parce que c’est ma vie.

D’ailleurs, Limo­ges est une petite terre de rap. Je pense notam­ment au rappeur Ari­on. C’est un petit encore, mais il est très bon dans ce qu’il fait. C’est un charbonneur.

Ta musique com­mence douce­ment à touch­er un plus large pub­lic. As-tu l’impression d’atteindre le seuil de recon­nais­sance que t’attendais ?

On peut dire ça comme ça. Pour les 50 000 vues du clip Col­lec­tif, j’ai été poussé par la vidéo d’un Youtu­ber (Guizzi). Pour un gamin de Limo­ges, faire ce score c’est incroyable. 

C’est quoi la suite pour toi ? 

Les prochaines étapes… C’est les 100 000 vues (rires). Sor­tir un pro­jet abouti. Com­mencer les scènes. Et con­tin­uer cette merde jusqu’à la fin !

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.