Après un premier EP « Zéro » sorti en juin 2021, Lazuli revient vendredi avec un deuxième projet « CARDIO ». Entièrement dédié aux sonorités reggaeton, cet EP est une collaboration avec le producteur King Doudou, aussi compositeur pour J. Balvin ou PNL. La franco-chilienne livre quatre morceaux destinés à faire danser ceux.celles qui l’écoutent. Mosaïque l’a rencontrée au cœur de Paris, près de la place de la République.
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Sur le fond d’écran de son iPhone, Lazuli affiche une citation : « Il ne faut pas contrôler sa vie mais la vivre ». Habitée par cette devise, elle se réveille désormais tous les matins persuadée d’être à sa place en tant qu’artiste. Pourtant, il y a encore deux ans, Élisa de son vrai nom, était analyste de textiles à la douane. Celle qui se décrit comme « une scientifique, la meuf qui aime bien mettre sa blouse (rires) » se rend compte que la passion n’y est pas mais poursuit, aspirée par la spirale d’une vie bien rangée.
Lazuli
Lors du premier confinement, elle doit mettre ses activités sur pause. Elle se retrouve confinée avec le producteur Izen chez qui se trouve un home studio. Un jour d’ennui en quarantaine, elle se met derrière le micro pour rigoler : « Quand je prends le micro, dans ma tête je ne sais même pas chanter. La musique n’est pas dans mes projets. On se met à faire un son à deux qui ne sortira jamais parce que c’était vraiment pas ça (rires). Mais ça a fait naître quelque chose en moi. Je me suis dit qu’en fait j’en étais capable. Je m’attendais tellement à faire pire que je me suis surprise. » Les jours suivants, elle répète l’exercice et fait écouter ses morceaux à son entourage qui la pousse à les diffuser.
Lazuli : « Ne plus être guidée par la peur »
Le déclic est né pour Élisa qui devient Lazuli et quitte son emploi : « Quand je travaillais, je regardais déjà la montre en attendant la retraite pour kiffer ma vie. C’était le moment de dire stop. Je suis partie sans me retourner parce que j’étais arrivée à un stade où je ne voulais plus être guidée par la peur. Je n’essaye pas de contrôler ma vie mais de la vivre. »
Depuis, derrière ses lunettes bleu teintées, la rappeuse ne voit plus la vie de la même façon : « Ça a tout changé. C’est comme si tu rentres dans un tunnel, tu ne regardes jamais à côté et d’un coup tu tournes la tête. Et une fois que t’as regardé, c’est trop tard. Le tunnel rassurant est une sorte de prison dorée. J’aime tellement ma vie que je n’aurai aucun regret. Je suis sereine parce que peu importe où ça me mène, la liberté que je ressens est trop belle. »
Crédit : Lise Lacombe pour Mosaïque.
Après un voyage au Brésil qui l’inspire pour tourner entre autres le clip de Papi Chulo et Zero, elle se lance sérieusement. Elle sort son premier EP « ZERO » composé entièrement avec le compositeur Izen, qui n’est jamais très loin lorsqu’il s’agit de Lazuli. Puis pendant toute l’année 2021, elle s’exerce et crée « au moins trois titres par semaine ». Puis, à travers Izen qui a déjà un pied dans le milieu de la musique, elle rencontre King Doudou. Compositeur de renom, il est connu pour avoir travaillé auprès de J. Balvin, PNL, Freeze Corleone, Kaydy Cain ou encore Bad Gyal. Récemment, il a d’ailleurs reçu un Grammy Awards pour l’album « Colores » de J. Balvin.
Le Chili et la danse
Tous les deux originaires des environs de Lyon, il.elle.s donnent naissance à un EP 100 % reggaeton prévu pour le 11 mars : « CARDIO ». Dans sa veste sport rétro et son jean à carreaux, elle n’en revient toujours pas : « C’est une opportunité de fou de travailler avec King Doudou. Le voir prendre du temps pour moi alors qu’il travaille avec des artistes tellement connus et talentueux, je trouve ça incroyable. De base, il me donnait juste des conseils et finalement on s’est retrouvé à faire du son. Il a vécu en Argentine, en Amérique du Sud. Moi qui écoute beaucoup de reggaeton, il manie ces sonorités à la perfection. » C’est avec le titre Casse ton dos que l’alchimie entre les deux artistes opère. Une fierté pour Lazuli : « Ce que j’ai fait avec ce projet, c’est du pur reggaeton comme j’en entendais quand j’étais petite. Ça m’a fait passer un step. »
Crédit : Lise Lacombe pour Mosaïque.
Petite, Élisa connaît des dimanche enflammés au cœur de la salle des fêtes où l’emmène son père. À l’intérieur, des Chilien.ne.s se réunissent pour retrouver ensemble l’atmosphère de leur pays d’origine. Lazuli se souvient : « Les darons faisaient de la salsa. C’était trop bien, il y avait des vrais musiciens et tout le monde saignait Daddy Yankee. Il y avait de la nourriture chilienne et toutes les générations étaient réunies dans la pièce. Il y avait vraiment une ambiance très chaleureuse comme en Amérique du Sud. Ils retrouvaient ici ce qui leur manquait en France. » La musique mais aussi la danse : « Mon grand-père à 96 ans, il galérait à marcher mais il dansait encore la salsa (rires). » Héritière de cette culture, elle s’affiche désormais à chaque concert avec des danseuses sur scène pour « donner envie aux gens de se libérer, qu’ils se lâchent ».
Banaliser le twerk
Dans le clip du titre Casse ton dos, Lazuli fait également le choix de faire twerker un homme : « Lorsque je suis allée au Brésil, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas du tout cette culture de la sexualisation que l’on a chez nous en France. Sur les plages là-bas, les hommes les plus baraqués que tu peux voir twerkent. Tu ne verrais jamais ça en France parce qu’il y a beaucoup de tabous. En Amérique du Sud, ils sont très libres. C’est de la danse et c’est tout. Ils n’ont pas non plus la même approche de la nudité. Être sexy chez eux, c’est banal. »
Je dis aux mecs qui twerkent en cachette dans leur chambre, venez on se libère ! On twerke tous ensemble (rires) ! Je kiffe voir des gens libres d’esprit faire ce qu’ils aiment sans se sentir jugés.
Lazuli pour Mosaïque
Une banalisation qu’elle cherche à reproduire dans ses morceaux et ses visuels : « Je veux que les gens qui m’écoutent puissent le faire sans chercher à attribuer des rôles à un tel ou un tel. Je dis aux mecs qui twerkent en cachette dans leur chambre, venez on se libère ! On twerke tous ensemble (rires). Pour le clip, on a galéré à trouver un profil d’un homme danseur qui twerke. C’est même pas du féminisme. Je ne mène pas un combat. Par contre, je veux que les gens qui écoutent ma musique comprennent que c’est ma normalité. Que tout le monde puisse se sentir égaux. Je kiffe voir des gens libres d’esprit faire ce qu’ils aiment sans se sentir jugés. »
La musique comme une évidence pour Lazuli
Si elle semble déjà savoir où elle va, la Lyonnaise lutte toujours contre un syndrome de l’imposteur : « J’ai encore du mal à me considérer comme une artiste parce que je ne m’étais jamais projetée dans cette vie donc c’est difficile. Je me rappelle du premier concert que j’ai fait. J’ai eu besoin de me regarder dans le miroir avant et de me motiver. C’est le moment où j’ai réalisé. »
Crédit : Lise Lacombe pour Mosaïque.
Mais du haut de ses bientôt 25 ans, Lazuli ne s’est jamais autant sentie à sa place : « C’est comme si t’avais jamais prévu quelque chose mais qu’une fois que tu y es, tout te paraît logique. C’est ce que je ressens. C’est pour ça que je me sens légitime. Parce que je travaille pour ça et que j’aime ce que je fais. J’ai envie que ce soit entendu et compris. Et puis, c’est quoi la légitimité ? À partir du moment où je fais de la musique, que je m’investis dedans et que j’aime ce que je fais, il n’y a pas de questions à se poser. »
Lazuli avance à l’allure du train dans lequel elle est montée sans en connaître la destination. Elle compte explorer d’autres horizons : « Mon premier EP mélangeait beaucoup de styles dont la baile et la trap. Celui-ci est entièrement reggaeton mais je ne veux pas que les gens croient que je vais me cantonner à ça. L’idée de ce projet, c’est de faire des sons club et je vais continuer à expérimenter encore plus de choses. »
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Retrouvez Lazuli dans la MOSA’Queen. Playlist disponible sur toutes les plateformes en cliquant ICI.