Le Vaxibus est un dispositif de Skyrock et du gouvernement pour inciter les jeunes à se faire vacciner. Pendant un mois, le véhicule a traversé la France pour aller à la rencontre des jeunes pour qui la vaccination contre le Covid-19 est difficile d’accès. À l’intérieur, des animateurs de la radio musical côtoient des soignant.e.s. Mosaïque est monté à bord du camion lors de sa halte à l’université de Villepinte, mardi 13 octobre, en région parisienne, pour la dernière date du parcours.
Garé juste devant l’université Paris 13 à Villepinte (93), mardi 13 octobre, impossible de ne pas remarquer ce semi-remorque imposant, floqué aux couleurs de la radio Skyrock et du slogan « Ça va ? Ça vax ? ». Sur fond de rap français, une équipe d’une quinzaine de personnes attend de recevoir des jeunes étudiant.e.s. Depuis le 13 septembre, dans le cadre d’un partenariat entre la radio et le ministère de la Santé, le véhicule sillonne la France pour offrir aux jeunes la possibilité de se faire vacciner contre le Covid-19.
Des animateurs de Skyrock proposent des dédicaces à l’antenne
À bord, trois boxs de vaccination sont installés, tenus par du personnel médical prêt à faire la piqûre. Depuis ce matin, quatorze personnes ont reçus une dose de vaccin. « Un petit chiffre », lance un soignant. Si le camion devait profiter de l’affluence à l’événement « Start campus » organisé sur le site de la faculté, « beaucoup sont déjà vaccinés ». À l’avant du véhicule, un studio de radio Skyrock a été monté, avec deux micros, sous la responsabilité de Karim, animateur, et Thomas, ingénieur son. « Tout le monde peut venir faire une dédicace au micro. Ils peuvent se présenter, donner leur snap ! L’ambiance est super bonne », raconte Karim.
Loin de leur studio du deuxième arrondissement de Paris, les équipes de la radio cohabitent depuis un mois avec des soignant.e.s : « C’est une super expérience. À Skyrock on est pas habitué à côtoyer ce corps de métier », explique Cédric, co-animateur de l’émission « Radio Libre » sur Skyrock entre 21 h et minuit. À propos de la mission de vaccination, il nuance : « Nous n’encourageons pas à la vaccination ceux qui viennent nous voir. S’ils veulent juste faire une dédicace, ils peuvent. Vacciné ou pas. »
C’est l’ADN de Skyrock d’aller dans les banlieues. On a pas peur du tout. On a été super bien accueilli.
Cédric le Belge, co-animateur de la « Radio Libre » sur Skyrock
Cible du dispositif : « Les jeunes qui habitent dans des endroits reculés où il n’y a pas de centre de vaccination », précise Cédric. Les zones où les vacciné.e.s sont les moins nombreux.ses ont été visées lorsqu’il a fallu dessiner un itinéraire de vingt dates. La « tournée », comme l’appelle Karim, a pris fin en Seine-Saint-Denis, le département le plus défavorisé d’Île-de-France. Sevran, Pierrefitte-sur-Seine et Villepinte, la dernière date où Mosaïque s’est rendu. « C’est l’ADN de Skyrock d’aller dans les banlieues. On a pas peur du tout. On a été super bien accueilli », se souvient Cédric. Il ajoute : « À Pierrefitte, ça a super bien marché. Il y avait des jeunes mais aussi une file d’une dizaine de personnes âgées. Ils ont laissé des dédicaces pour leurs petits-enfants, c’était super drôle ! »
Les animateurs Cédric (à gauche) et Karim (à droite) ainsi que l’ingénieur du son, Thomas (au milieu) accompagnent la tournée du Vaxibus. Crédit : Lise Lacombe pour Mosaïque.
Un périple troublé par les anti-pass sanitaire et les anti-vaccin
L’ambiance n’a pourtant pas toujours été festive sur la route du Vaxibus. À Marseille, tout se déroulait comme prévu jusqu’à ce que des manifestant.e.s anti-pass sanitaire et anti-vaccin viennent protester sur le stand. Même constat à Montpellier et à Rennes où les opérations ont dû être écourtées face à la pression des réfractaires au vaccin. Aux Mureaux (78), des policier.ère.s ont été déployé.e.s pour assurer la sécurité du camion. Pour ce représentant du ministère de la Santé, ces rassemblements ont ralenti le bus : « Beaucoup de jeunes ont sûrement été dissuadés de venir à cause du climat hostile. »
À Villepinte, la journée s’est déroulée comme prévue. Devant le semi-remorque, une tente de la Croix-Rouge est installée. Pour tous ceux.celles qui auront reçu une première injection avec le Vaxibus, c’est l’association d’aide humanitaire qui repassera aux mêmes endroits pour proposer une deuxième dose dans quatre à six semaines.
Les soignant.e.s de la Croix-Rouge sont là pour vacciner. Crédit : Lise Lacombe pour Mosaïque.
Quatre personnes vêtues de vestes orange fluos réceptionnent les jeunes à la sortie du bus. L’un d’entre eux, Roger Fontaine, président de la Délégation territoriale de la Croix-Rouge française de la Seine-Saint-Denis explique : « L’avantage du camion c’est qu’ici il n’y a pas besoin de rendez-vous, de carte d’identité ou de carte vitale. On vaccine tout le monde. » Selon lui, la présence de la Croix-Rouge est rassurante et permet d’approcher d’autres publics : « Un jour, on s’est fait livrer à manger, le livreur est arrivé avec son scooter et il s’est fait vacciné. Il n’avait pas de papiers et le lendemain il est revenu avec 25 autres collègues Uber Eats ! » À 20h, les équipes rangent le matériel en place. Il est temps pour le Vaxibus de rentrer au garage. Pour de bon cette fois.