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Un an après son album « PiuPiu », Nelick, devenu nelick, fait son retour avec un EP de sept titres : « Tatoo », dévoilé le 17 juin 2021. Ce pro­jet court, dés­in­volte et naturel mar­que une rup­ture pour l’artiste qui a tou­jours pris le soin de con­stru­ire des con­cepts et de la musique pen­sée et réfléchie. Cette nou­velle propo­si­tion mon­tre un jeune homme décon­trac­té et empreint de sim­plic­ité, à mi-chemin entre l’in­no­cence d’un enfant et la matu­rité d’un adulte. Tout juste réveil­lé d’un lende­main de soirée, le rappeur a décroché son télé­phone pour nous racon­ter l’histoire de ce virage artis­tique et humain.

En un an, Nelick est devenu nelick. Une majus­cule en moins qui change tout pour un artiste qui sem­ble s’être trou­vé musi­cale­ment avec « Tatoo », sor­ti le 17 juin 2021. Mal­gré trois pro­jets à son act­if, c’est avec cet EP que l’artiste a réus­si à déchiffr­er le sens de sa voca­tion : « Je fais ça pour me sen­tir bien, dans ce monde de sept mil­liards d’humains. C’est ma rai­son de vivre, j’ai envie d’aider les gens à grande échelle. » À peine réveil­lé d’une soirée mou­ve­men­tée de la veille, il nous avoue au télé­phone : « Je crois que c’est la pre­mière fois que je le dis comme ça (rires). » 

nelick respire la sérénité de celui qui s’est affranchi des pres­sions liées à son art. En jan­vi­er 2020, alors qu’il dévoile « PiuPiu », un album con­cept dans lequel un marc­hand de frian­dis­es fab­rique des bon­bons pour ren­dre les gens heureux, lui ne l’est pas : « Le jour où je l’ai sor­ti, j’étais pas sat­is­fait. C’était une mix­tape à la base et je n’aime pas les choses qui n’ont pas trop de sig­ni­fi­ca­tion du coup j’ai tout relié et j’ai mon­té un con­cept avec des inter­ludes. J’avais peur de mon­tr­er que je fai­sais juste du son comme ça. Sûre­ment aus­si parce que les sons n’étaient pas assez bons. » Pour­tant, même si le disque est bien reçu par la cri­tique et le pub­lic, c’est un déclic pour le chanteur qui le perçoit aujourd’hui comme un échec : « J’ai con­nu la décep­tion de moi-même. J’ai échoué avec ce pro­jet et je n’ai pas appré­cié ce que j’ai sor­ti. Mais échouer c’est trop bien parce que ça m’a per­mis de retrou­ver le pourquoi de ma musique. » 

« Faut être très mature pour être un enfant. Je suis un adulte qui tra­vaille mon côté enfantin. »

nelick

« PiuPiu » était l’aboutissement de l’univers enfan­tin et bur­tonien de nelick, avec lequel il s’est tou­jours démar­qué. Mais c’est en se libérant d’une forme rigide et con­ceptuelle à tra­vers ce dernier EP que ce monde a pris sens : « J’ai réus­si à pren­dre du recul et à me dire que la musique que je voulais faire c’était pour les enfants. Faire de la musique pour Dis­ney, pour des dessins ani­més, à la Miyaza­ki ou à la manière d’une comédie roman­tique ital­i­enne, ça me par­le trop. Faut être très mature pour être un enfant. Je suis un adulte qui tra­vaille mon côté enfantin. »

Soudain, la con­ver­sa­tion ralen­tie. « Putain, je suis désolé je com­mandais à graille ! », avoue-t-il en rigolant. « Euh… Je voudrais un burg­er bon qui coûte cher un peu… Il hésite : Y a des gens très indé­cis sur terre et il faut choisir pour eux ! Bon allez Five Guys, faut repren­dre des forces. »

Une légèreté assumée

Cette légèreté, nelick l’assume enfin. Que ce soit sur la track­list, dont les titres des morceaux sont écrits sans majus­cule, ou avec le nom du pro­jet qui com­porte une faute d’orthographe délibérée. La cov­er du pro­jet reflète tout autant cette idée. On aperçoit la pho­to d’un jeune adulte por­tant un appareil den­taire : « Ça se voit c’est un jeune qui a envie d’être adulte et de faire comme les cov­ers clas­siques du rap. Un enfant qui se prend pour un grand. » 

Le fig­u­rant sur la pochette n’est nul autre que kofi bæ, pro­duc­teur de l’EP, avec qui nelick a façon­né le pro­jet. Ensem­ble et à leur image, ils ont tra­vail­lé comme des enfants. Ils se retrou­vent à Nan­cy et boucle­nt « Tatoo » en cinq jours : « Le pire, c’est qu’on a pas tra­vail­lé du matin au soir. On s’est bran­lé un peu même (rires). On se lev­ait à 13 h, on allait au parc… Mais on est pareil et on a la même vision, donc c’est fluide. »

Les deux acolytes se sont bien trou­vés. Ils se ren­con­trent alors que le com­pos­i­teur fait des type beats de nelick sur YouTube (méth­ode qui con­siste à s’inspirer très forte­ment d’un titre pour pro­duire une instru­men­tale très proche en terme de tem­po, de sonorités et de struc­ture musi­cale, NDLR) : « Je lui ai demandé la prod et il m’a répon­du que finale­ment c’était Jäde qui l’avait pris pour faire son titre Doc­teur. Je me dis­ais : « Le poto il fait un type beat nelick, c’est sûr il va me dire c’est pour toi, et en faite non ! » Une asso­ci­a­tion musi­cale qui par­ticipe à l’émancipation de Kiwi­bun­ny (surnom de l’artiste, égale­ment le titre de l’un de ses pro­jets : « Kiwi­bun­ny­tape », NDLR) : « kofi est trop fort parce qu’il est authen­tique. Chaque prod qu’on m’envoie, l’harmonie n’est jamais par­faite, alors que lui ça va ren­dre un truc juste et par­fait. C’est cette justesse que je trou­ve trop belle. »

Une musique d’impact

Le sens de sa musique, il l’a aus­si trou­vé auprès de son pub­lic dont la vie a pu chang­er grâce à ses morceaux, toute généra­tion con­fon­due : « J‘ai une amie à moi qui a cinquante ans. Elle m’a dit qu’en écoutant mon pro­jet et en regar­dant mes sto­ries, ça lui avait don­né la force de faire son pro­jet de théâtre. C’est ça qui est beau avec le son. Tu laiss­es ton empreinte sur les autres. » Laiss­er son empreinte, un peu comme un « Tatoo », nom de son dernier EP qu’il a choisi d’intituler de cette manière parce que « écouter un album c’est un truc éphémère mais qui peut te mar­quer pour toujours ».

Et juste­ment, quand on lui demande ce que sera la suite de « Tatoo », nelick botte en touche, préférant l’insouciance : « On ver­ra. Mais d’abord aimer ce que je fais, c’est la pre­mière fois que ça m’arrive. J’ai trou­vé ce pourquoi je veux faire de la musique toute ma vie. Cer­tains atten­dent ça indéfin­i­ment. Cette zéni­tude que j’ai trouvé. »

Parce que le pro­jet incar­ne un renou­veau, l’artiste a glis­sé un titre caché inti­t­ulé Nou­velle vie dans le dernier morceau du pro­jet : « Le fait que ça soit un mes­sage caché à la fin veut dire qu’il faut aller voir au fond de soi pour se ren­dre compte qu’il y a de l’espoir. Tous mes albums se finis­sent mal et là je finis sur un titre badant mais qui cache un truc plus cool. J’ai envie que les gens s’envolent quand ils écoutent ce son, quand la flûte arrive… J’ai envie de faire voy­ager et j’ouvre une porte pour le prochain projet. »

Selon lui, « Tatoo » ne serait en réal­ité qu’une intro­duc­tion : « C’est un film qui se lance. J’ai l’impression que c’est une BO de la nou­velle vie de Kiwi­Bun­ny. La meilleure par­tie sera la fin, mais j’adore les génériques de début. »

Retrou­vez « Tatoo » de nelick dans la MOSA’Hit : le meilleur du rap fran­coph­o­ne playlisté par la rédac­tion de Mosaïque. Abon­nez-vous pour ne rien rater des nou­velles sor­ties. Disponible sur Spo­ti­fy, Deez­er et YouTube.

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