Mosaïque

Der­rière les machines se cachent des tech­ni­ciens du son et des penseurs musi­caux. En com­posant des instru­men­tales sur mesure, ils sub­li­ment le tal­ent artis­tique des rappeurs. Cer­tains ont d’ailleurs été par­ti­c­ulière­ment remar­quables en 2020. Mosaïque livre sa sélec­tion des beat­mak­ers de l’année.

Dioscures, le talent dans la matrice

Com­ment penser à 2020 sans se rep­longer dans les beats mélan­col­iques de Dioscures. Acolyte de l’ombre d’un cer­tain Lay­low, le pro­duc­teur fran­co-algérien aura mar­qué l’an­née de son empreinte à plusieurs égards. Le 28 févri­er, « Trin­i­ty » se présente au pub­lic. Un album qu’on ne présente plus et sur lequel Dioscures joue le chef d’orchestre. Présent sur près de la moitié des titres, il a per­mis à l’artiste toulou­sain d’affiner son monde dig­i­tal. Une direc­tion artis­tique par­ti­c­ulière­ment pal­pa­ble sur le morceau NAKRé, en copro­duc­tion avec le pianiste Sofi­ane Pamart. Pour­tant, lim­iter le tra­vail de Dioscures à cet opus serait réduc­teur. Il a égale­ment accom­pa­g­né son com­parse Lay­low sur quelques-uns de ses meilleurs fea­tur­ings comme À la vie à la mort, avec Aladin 135 ou Le plan, aux côtés d’S.Pri Noir. Le com­pos­i­teur sait aus­si se fon­dre à l’univers de d’autres artistes. En fin d’année, il emmène ses tal­ents auprès du parisien Squid­ji, pour pro­duire les titres Pop­star, Rose et Melan­cho­lia. Plus éton­nant encore, il com­pose la pub­lic­ité du dernier Assasin’s Screed : « Val­hal­la », tou­jours avec Sofi­ane Pamart. À seule­ment 25 ans, le pro­duc­teur annonce qu’il met­tra bien­tôt fin à sa car­rière musi­cale. Et ce, après la sor­tie de son unique pro­jet solo : « Ciela », atten­du en févri­er prochain.

- Robin Spiquel

Flem, noir c’est noir

Toute œuvre d’art a son archi­tecte. « La Men­ace Fan­tôme » de Freeze Cor­leone est une pièce unique qui voit le jour grâce à la noirceur de son com­pos­i­teur : Flem. Beat­mak­er de tou­jours auprès du col­lec­tif 667 et déjà présent sur « Pro­jet Blue Beam », il est le bras droit du rappeur. C’est donc logique­ment qu’il s’aligne à la prod de ses fea­tur­ings dont, en 2020, le fameux Drill FR 4 avec Gazo ou plus récem­ment ny à fond avec Alpha Wann. Une col­lab­o­ra­tion régulière à laque­lle Chen­Zen fait sou­vent référence : « s/o le Flem » (Sac­ri­fice de masse). Le pro­duc­teur mar­que l’année de son empreinte tant l’obscurité de sa sig­na­ture musi­cale drill a réson­né. Cette vis­i­bil­ité nou­velle lui vaut d’ailleurs d’être mis à l’honneur sur le pro­jet de Djan­go : « S/o le flem », entière­ment pro­duit par ses soins. L’année de Flem reste aus­si celle de sa per­for­mance sur le titre Freeze Raël qui a fait l’unanimité dès les pre­mières notes. La basse grésil­lante du morceau provoque des vibra­tions venues d’ailleurs, comme s’il invo­quait les ténèbres avant que Freeze Cor­leone mette à exé­cu­tion son flow démo­ni­aque. Une intro­duc­tion d’album déjà culte qui rap­pelle à cha­cun le rôle clé du beat­mak­er dans la con­cep­tion d’un pro­jet. Si Freeze Cor­leone porte la couronne, Flem soulève son sceptre. 

- Lise Lacombe

PH Trigano, l’année mélodieuse

Le plus cal­i­fornien des français, c’est ain­si que se décrit PH Trig­ano. Proche du col­lec­tif Bon Gamin dont Ichon est l’une des pièces maîtresse, il signe la qua­si total­ité des morceaux de son album « Pour de vrai ». Un pro­jet notam­ment mar­qué par sa musi­cal­ité lux­u­rieuse. Sa présence a aus­si été remar­quée sur les track­lists de deux artistes belges : « ALT F4 » de Swing et « Irréel » de Geeeko. Le rappeur aux dread­locks col­orées con­fi­ait d’ailleurs au média 1863 avoir fait appel au com­pos­i­teur pour pass­er un cap et créer une atmo­sphère classe et sophis­tiquée. Clavier et gui­tare à la main, le beat­mak­er appa­raît égale­ment sur la ses­sion Col­ors de Lala &ce qu’il accom­pa­gne lors de son inter­pré­ta­tion de Para­pluie, titre à suc­cès dont il est le mae­stro. Point d’orgue d’une année fructueuse, PH Trig­ano dévoile en décem­bre son sin­gle France 98, sur lequel il prête sa voix chaude. S’ap­prêterait-il à sor­tir de l’om­bre de ses boîtes à musique ?

- Lukas Taylor

twinsmatic, la force de l’Atlas

À l’im­age du titan grec Atlas qui fig­ure sur la pochette de son pro­jet sor­ti le 3 avril 2020 et qui porte seul le poids du monde sur ses épaules, Julian a voulu mar­quer l’an­née d’un pro­jet qu’il a entière­ment pro­duit après le départ de Nadeem, ancien mem­bre qui com­po­sait leur duo twins­mat­ic. Un tour de force réus­si grâce à un échan­til­lon diver­si­fié de pro­duc­tions et des col­lab­o­ra­tions cohérentes. En réu­nis­sant des rappeurs instal­lés comme SCH, Dinos ou Koba LaD, ain­si que des artistes émer­gents comme Box et Marj, twins­mat­ic réus­sit le pari d’un pro­jet ambitieux qui par­ticipe à la mise en valeur des com­pos­i­teurs sur la scène rap. Après être apparu sur le pro­jet « XXIII : Bilan de vie » de Gian­ni avec Bien­tôt, il clô­ture son année sur le titre Dip­tyque qui ouvre avec justesse l’album « Sta­mi­na, » de Dinos, et annonce trois pro­jets prévu pour 2021. 

- Lise Lacombe

Prinzly, l’homme derrière « QALF »

Pre­mier coup de feu en jan­vi­er 2020. Sous les caméras de Kon­bi­ni, Prin­z­ly assiste à la nais­sance du banger Œveil­lé qui signe le retour de Damso en solo, sur une prod qu’il a lui-même com­posé. Devenu cen­tral dans l’in­stru­men­tal­i­sa­tion des pen­sées du rappeur, le beat­mak­er se dis­tingue comme l’un des archi­tectes de « QALF ». Il est d’ailleurs celui qui signe le plus de prods de l’al­bum, présent sur dix morceaux, dont BXL ZOO, 911, DEUX TOILES DE MER et CŒUR EN MIETTES. Si la musi­cal­ité du pro­jet se dis­tingue comme l’une des plus rich­es de l’an­née, la présence de Prin­z­ly n’y est pas pour rien et s’im­brique avec bril­lo dans la nou­velle direc­tion artis­tique choisie par Damso. Hybride dans son approche, le com­pos­i­teur ne cesse de s’af­franchir du rap pour exporter son univers. En témoigne ses créa­tions pour Tas­sae (Salope, À l’en­vers) et Lous & The Yakuza (Laisse moi). Son place­ment, en tan­dem avec Ponko, sur le titre Mau­vaise Foi de Bon­nie Banane prend d’ailleurs une tour­nure inat­ten­due. Sur un rythme lent qui val­orise les vocalis­es de la chanteuse, il ajoute une basse sat­urée et force l’alchimie. Le titre trou­ve alors une réso­nance par­ti­c­ulière auprès du pub­lic et per­met à l’artiste de le jouer dans les stu­dios de Col­ors. Le beat­mak­er brux­el­lois se dis­tingue égale­ment comme l’un des arti­sans de l’EP « Parades » du rappeur parisien mon­tant Squidji.

- Thibaud Hue

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