Après plusieurs mois de montée en puissance, Lous and the Yakuza a sorti son premier projet ce vendredi 16 octobre. Dans un monde qu’elle dépeint comme « Gore », Lous aborde la monstruosité humaine avec le sourire, sur des ambiances rythmées et dansantes. Face à cette cruauté, elle a décidé d’opter pour la solitude, fil rouge du projet.
Rap, pop, soul… Lous and the Yakuza est une artiste polyvalente. Une palette artistique large que l’on retrouve sur le projet « Gore », et qui a pu étonner une partie de son public qui aurait pu s’attendre à un album plus identifié rap.
Si la jeune belge s’est fait connaître avec des titres rappés tel que le morceau Tout est Gore, Lous ne s’est jamais réellement considérée comme une rappeuse à part entière. Elle a pourtant été rapidement catégorisée comme tel par la sphère médiatique.
Malgré ce contre pied artistique, « Gore » est un album qui démontre tout son potentiel. Le projet de dix titres se démarque par ses instrumentales variées. Le compositeur congolais David Mems (qui a récemment participé au projet QALF de Damso) est responsable de la moitié des morceaux de l’album. Si la direction musicale change de piste en piste, le projet parvient à rester cohérent notamment grâce à une écriture soignée et à des thèmes autour du comportement humain, souvent cruel.
La solitude pour refuge
Lous aborde avec sourire la monstruosité humaine, d’où le titre de son album : « Gore ». Un genre qui parvient à susciter le rire malgré la dureté des propos. L’artiste analyse un monde dans lequel la solitude devient son refuge. A l’image du titre qui introduit l’album : Dilemme.
Dans un morceau plutôt chanté mais rythmé, Lous and The Yakuza exprime son besoin de solitude :
« Seule, seule, seule. Si je pouvais, je vivrais seule loin des problèmes et des dilemmes. Si je pouvais, je vivrais seule loin des problèmes et des gens que j’aime. »
Le désir de solitude revient dans le titre Messes basses. Dans ce morceau, Lous (accompagnée de l’artiste belge Krisy qui fait les ad-libs) raconte une trahison amicale qui l’amène à s’isoler pour éviter de nouvelles déceptions.
La neuvième et avant dernière piste de « Gore », Quatre Heures du matin, résonne comme le morceau qui fait le plus écho au titre de l’album. Dans ce titre, elle raconte une agression sexuelle qu’elle a subie.
Meryl et Lous and The Yakuza. Crédit : Jérôme Bonnet pour Télérama.
Alors qu’elle a 19 ans, Lous se retrouve à la rue parce que ses parents refusent son désir de carrière dans la musique. Elle subira deux agressions dont un viol. Cette période est marquée d’une solitude sans précédent, comme elle l’expliquait à L’Express : « Je gardais au fond de moi cette confiance en ma destinée. Il me manquait juste l’humilité. Je n’osais pas demander de l’aide. Je perdais mes amis. Je ne voyais plus ma famille. J’étais dans une solitude sans nom. »
Le morceau s’inspire de cette expérience qu’elle décrit du point de vue de la victime dans le premier couplet, avant de raconter l’agression du point de vue d’un des agresseurs dans le deuxième. Si la solitude n’est pas explicitement énoncée, Lous constate qu’elle provoque aussi les pires traumatismes.
« Que vont-ils faire de moi ? Qu’ai-je fait de mal ? Que vont-ils faire de moi ? Qu’ai-je fait de mal ? Les diables n’ont pas de couleurs. Lâches, ils sont venus, à plusieurs. Je n’ai pas vu mes agresseurs. Je me souviens juste de leurs odeurs. »
Le titre Solo vient clôturer le projet, comme il avait commencé, sur le thème de la solitude. Dans ce morceau, Lous parle de la condition de la communauté noire, qui ne peut compter que sur elle-même pour faire changer les choses. La solitude est dans ce morceau décrite comme une fatalité. Les noirs sont mis à l’écart par les autres communautés. A travers l’album, Lous dépeint cette inévitable nécessité de devoir s’en sortir sans les autres.
Si « Gore » n’est peut-être pas le projet attendu par une partie du public de Lous and the Yakuza, ce premier album donne envie de continuer à suivre ce que proposera la jeune belge, seule et pourtant toujours accompagnée de ses fidèles « Yakuza ».