Vendredi 5 février 2021 sortait « 140 BPM 2 », le deuxième volet du projet drill d’Hamza. L’artiste belge tente une nouvelle recette en déployant méticuleusement un univers plus sombre. La rédaction de Mosaïque a planché sur ce nouveau projet et donne son avis.
« Ce dernier opus est la confirmation qu’Hamza est un artiste complet »
J’avais besoin d’amour et je ne l’ai pas trouvé sur « 140 BPM 2 ». Les sonorités mielleuses ultra maîtrisées que l’on peut retrouver sur « Paradise » ou bien « 1994 » ont résolument disparu. Malgré tout, le manque de romantisme laisse finalement place à un Hamza bien différent de l’époque d’« H‑24 ». « À qui la faute, toute l’année en PTSD » : la toute première phrase de l’album plante le décor de l’univers plus tourmenté, presque moins assuré et quasiment anxieux que développe le rappeur. Difficile d’en vouloir à l’artiste belge, « 140 BPM 2 » est délivré avec sincérité. Malgré des beats plus agressifs ainsi qu’un storytelling nettement plus sombre, on se surprend à écouter avec douceur PTSD ou encore Fake Friends qui ne sont qu’une confirmation que le Sauce God est peut-être atteint du God Complex. C’est un album bien plus personnel que ses précédents projets qui n’ont jamais réellement été que de la poudre aux yeux alimentée par le prisme presque logique et souvent usé du sexe, de la drogue et des femmes. De la poudre qui aurait étrangement le pouvoir de nous faire patienter toujours plus intensément jusqu’au prochain projet. Bien loin d’être décevant, ce dernier opus est la confirmation qu’Hamza est un artiste complet et polyvalent qui ne va pas toujours là où on l’attend. Et c’est toujours pour le mieux.
- Rudy Jean-Baptiste
« Le Seul bémol ? La longueur du projet »
Que ce soit de la trap, du dancehall ou du RnB, Hamza a toujours eu plusieurs cordes à son arc et montre avec « 140 BPM 2 » qu’il peut réussir tout ce qu’il tente. Sur ce projet 100 % drill, il fait preuve d’une maîtrise du jeu que l’on n’avait plus vu de la part d’un Belge à Londres depuis les années d’Eden Hazard à Chelsea. Le moment fort du projet étant Don‘t Tell avec Headie One, figure de proue de la drill anglaise, sur une prod orchestrale, ténébreuse et entraînante composée par Bellagio, Lucozi et Pierrari. Le seul bémol ? La longueur du projet avec les featurings manqués de Gazo et Guy2Bezbar ainsi que celui avec Kaaris et un coup de mou au milieu de la tracklist que l’on doit à la redondance des sonorités drill. Cet opus n’est certainement pas sa meilleure proposition, mais peut-être l’un des premiers projets de drill française qui semble réellement abouti.
- Lukas Taylor
Si la justesse est de la partie, le projet ne transcende pas. La faute à une tracklist maladroite qui tombe dans le piège de la redondance des rythmiques anglophones.
- Thibaud Hue
« Hamza trouve un nouveau souffle »
Après avoir laissé reposer une sauce savamment mélangée pendant quatre disques, Hamza trouve un nouveau souffle et tente la carte du renouvellement. Et comme presque à chaque fois que le rappeur belge souhaite investir un nouvel univers, l’alchimie prend. Il avait d’ailleurs prouvé son aisance sur les partitions drill du premier volet de « 140 BPM ». Le Sauce God s’est entouré d’une équipe de producteur bien pensée, dont certains comme Ponko et Prinzly qui n’avaient que peu investi le terrain de la drill. Quelques prods proposent avec justesse des lignes plus mélodieuses et s’accordent avec les toplines millimétrées du rappeur. Pourtant, si la justesse est de la partie, le projet ne transcende pas et les écoutes de l’ensemble de l’album sont indigestes. La faute à une tracklist maladroite qui tombe dans le piège de la spirale entêtante des rythmiques anglophones. « 140 BPM 2 » fait ainsi office d’une pause stratégique dans le développement artistique d’Hamza et d’un apéritif de bon goût avant d’entamer une nouvelle recette. Il s’agira donc pour la suite de ne pas abuser des bonnes choses.
- Thibaud Hue