Mosaïque

Cer­ti­fié disque d’or une semaine après sa sor­tie, Vald réalise le meilleur démar­rage mon­di­al sur la plate­forme Spo­ti­fy cette semaine. Depuis la sor­tie de « Ce monde est cru­el » en 2019, le rappeur s’est fait dis­cret et a lais­sé grimper les attentes con­cer­nant son retour. Épaulé par une armée de pro­duc­teurs en présence de son com­pagnon de route Seezy, mais aus­si de Hell­boy, Zeg P ou Dany Syn­thé, a‑t-il été à la hau­teur du ren­dez-vous ? La rédac­tion de Mosaïque a planché sur ce nou­veau pro­jet et donne son avis.


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« Vald est devenu le présentateur abrutissant d’une émission musicale sans relief »

« V ». Un pro­jet porté par sa pro­mo et son attente plutôt que par ses qual­ités intrin­sèques. Vald appa­raît désor­mais comme l’aboutissement du per­son­nage qu’il exécrait à ses débuts. Il est devenu le présen­ta­teur abrutis­sant d’une émis­sion musi­cale sans relief face à un pub­lic ensom­meil­lé. Comme l’intervenant d’un fes­ti­val de banal­ités aux allures d’un « Ven­dre­di tout est per­mis ». Le morceau Péon avec Orel­san donne l’impression qu’Hanouna et Arthur se ser­rent la main. Sur le fea­tur­ing, ils sont les porte-éten­dards d’un style car­i­cat­ur­al qui plaît par sa banal­ité, des mul­ti-syl­labiques enfouies dans les tré­fonds de l’année 2016, un refrain sim­ple sans être entraî­nant. En bref, le style de deux majors poussé au parox­ysme qui n’attend même plus d’être remis en question. 

En dépit d’un manque de tex­tures cri­ant, de struc­tures archaïques, mais surtout de prods et de sonorités datées, les chiffres sont au plus haut. Ain­si, mal­gré quelques ful­gu­rances, un ques­tion­nement se lève : s’étouffer dans la fadeur de ses pro­pres codes suf­fit-il à faire un album sat­is­faisant ? Vald a même réus­si à endiguer Hamza dans l’édulcoration totale de son style en l’invitant dans le seul but de pro­duire un refrain académique, placé à des endroits stratégiques, comme on invit­erait un chanteur de RnB en 2014 pour faire gon­fler ses ventes. Le renou­velle­ment ne réside alors pas dans un nom­bre de flows pré­ten­du­ment innom­brable. Mais dans la maîtrise styl­is­tique et sym­bol­ique d’une propo­si­tion artis­tique recon­naiss­able. Mais ici, l’originalité s’arrête là où le con­formisme trou­ve ses marques.

- Cédric Rossi

« Un projet qui mêle authenticité et cohérence dans le propos comme dans le style »

Pour son retour en solo, Vald frappe fort avec « V ». Un album de 15 titres offrant son lot de rimes inat­ten­dues, par­fois en pur egotrip. Une recette pro­pre au rappeur qui ne cesse de s’affiner de pro­jet en pro­jet depuis son éclo­sion. Cette démon­stra­tion de force vient par­fois se mélanger à des morceaux thé­ma­tiques comme Pandémie qui intro­duit l’album. Dans ce dernier, Vald mul­ti­plie les références au Covid-19 de façon déjan­tée, tout en con­ser­vant une écri­t­ure presque irréprochable.

On retrou­ve ces qual­ités dans la qua­si-total­ité des cou­plets de « V ». En revanche, cer­tains refrains peu­vent entach­er des titres intéres­sants. Papoose en est le par­fait exem­ple. Un titre atyp­ique, dans un style et une ambiance qui lui est pro­pre et qui aurait pu sor­tir du lot si son refrain avait été plus sim­ple et plus entraî­nant. Autre légère décep­tion, le titre Mau­dit avec Hamza. Une frus­tra­tion plutôt car si le titre est effi­cace avec cette fois-ci un très bon refrain, on aurait aus­si aimé enten­dre un cou­plet du Belge. Mal­gré ces remar­ques, « V » est un album dans la con­ti­nu­ité de ceux de Vald. Le rappeur sert encore une fois un pro­jet qui mêle authen­tic­ité et cohérence dans le pro­pos comme dans le style.

- Yas­sine Ben Amor

« L’album apparaît comme un fourre-tout d’idées peu originales »

Qu’il est loin le temps où Vald nous sur­pre­nait. Désor­mais instal­lé comme l’un des piliers du rap français, l’artiste sem­ble se lim­iter dans ses propo­si­tions artis­tiques. Con­traire­ment à « Ce monde est cru­el » qui dans la forme était beau­coup plus con­sis­tant, « V » appa­raît comme un fourre-tout d’idées peu orig­i­nales. Il y a tout de même des pas­sages intéres­sants comme le titre Sur un nou­v­el album. Mais l’ap­proche cri­tique que Vald a tou­jours eu sur son envi­ron­nement depuis « NQNT » s’estompe avec des textes moins incisifs qu’auparavant.

Cer­tains morceaux plus som­bres comme Annuna­ki ou Rappeur con­scient auraient pu être plus dévelop­pés par exem­ple. Le côté « hard­core » de Vald se dis­sipe pro­gres­sive­ment au prof­it d’une musique plus con­forme et adap­tée au grand pub­lic. On regret­tera par exem­ple la drill atten­due du morceau Bien sûr et un arrière-goût de déjà-vu avec la gui­tare de Un mot et la flûte de Papoose. Les morceaux Peon et La faux le fer sont néan­moins les points posi­tifs de l’al­bum avec des flows qui rap­pel­lent le temps où V expéri­men­tait encore sa musique. Vald fait finale­ment dans la sim­plic­ité avec ce nou­v­el opus. Il s’éloigne peu à peu du per­son­nage qui vivait au sein d’« Agartha » et « Xeu ».

- Malo Herve

S’il ne se dis­tingue pas comme le pro­jet de Vald le plus cohérent musi­cale­ment, ni le plus ambitieux en ter­mes d’esthétique, il n’en reste pas moins très éclec­tique et réserve quelques surprises.

Jules Careau sur « V »

« Un album authentique où Vald assume pleinement ses doutes face au succès »

Dix­ième sor­tie, encore sur­pris. « Je vieil­lis, j’ac­cepte tout douce­ment d’être sincère », con­fi­ait-il sur France Inter le jour de la sor­tie de l’al­bum. Fuir le suc­cès pour revenir à la sincérité de son art, tel serait le cré­do de « V ». Un album authen­tique où Vald assume pleine­ment ses doutes face au suc­cès. S’il ne se dis­tingue pas comme son pro­jet le plus cohérent musi­cale­ment, ni le plus ambitieux en ter­mes d’esthétique, il n’en reste pas moins très éclec­tique et réserve quelques sur­pris­es. En témoigne sa presta­tion sur le morceau bonus Bien sûr où l’artiste se saisit avec brio d’une instru drill.

Même impres­sion sur le tra­di­tion­nel fea­tur­ing avec Suikon Blaz AD où l’on redé­cou­vre le duo sur une pro­duc­tion solaire. Ce mag­nifique Hap­py End con­clut un album aus­si sincère que créatif. Top de l’album : Mau­dit pour la con­nex­ion mélan­col­ique avec Hamza, Le faux le fer pour l’ambiance oppres­sante chère au style de Vald et Sur un nou­v­el album, un cou­plet unique et une immer­sion dans son expéri­ence de l’in­dus­trie musicale.

- Jules Careau


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