Sans prévenir, Lala &ce annonce un spectacle avec Low Jack, compositeur et metteur en scène, accompagné par les danseur.se.s de la chorégraphe Cécilia Bengolea. Pour la première fois, le rap et la comédie musicale s’unissent pour donner naissance à « Baiser Mortel ». Un voyage auditif qui mêle chant, rap et danse, inspiré du film « Death Takes a Holiday » (1934) de Mitchell Leisen, dans lequel la Mort décide de passer trois jours chez les vivants. Sur scène, Lala donne le pouvoir aux femmes Jäde et Babysolo33 et accorde une place aux rappeurs Rad Cartier et Le Diouke. La représentation avait lieu du 18 au 20 octobre à la Bourse de commerce à Paris. La rédaction de Mosaïque a assisté à l’avant-première et vous donne son avis.
« Il y aura un avant et un après »
C’est une scène encore jamais vue dans l’histoire du rap français. « Baiser Mortel » remet le rap et le chant auto-tuné au centre d’un nouveau game : celui de la comédie musicale. Dès les premières secondes, on comprend vite que le voyage sera différent. La prestation de Lala &ce est époustouflante… Une nonchalance toujours assumée couplée à un charme ensorceleur. La rappeuse se fond dans les lumières et les costumes avec brillo. Sa première apparition, en duo avec Jäde, plante le décor et envoûte la salle. Les deux artistes se cherchent, se charment, s’éloignent avec subtilité. À chaque fois que le public est plongé dans le noir et que la musique s’arrête quelques instants, l’assemblée applaudit.
« Lala &ce et Jäde plantent le décor et envoûtent la salle. »
Parfois, le tandem Le Diouck et Rad Cartier pointe le bout de son nez et ramène un grain de folie et de tension. La scène est scindée en deux parties avec une vitre en verre. Derrière celle-ci, quelques danseur.se.s viennent faire des acrobaties. Que faut-il comprendre ? L’amour, la mort, la mélancolie et la tension se mêlent, mais l’auteur, Low Jack semble laisser libre cours à l’interprétation de chacun. Une chose est sûre : il pourrait bien y avoir un avant et un après « Baiser mortel ». La comédie musicale montre comment jouer, tout en justesse, avec les nouveaux codes du rap français pour investir d’autres terrains, loin des plateformes de streaming et des scènes de concert.
- Thibaud Hue
« Lala &ce est une figure iconique envoûtante »
Les lumières rosées s’allument. Plein phare sur une silhouette mystérieuse derrière une vitre. Une longue tresse, qui fait office de traîne, dessine ses contours. La voix cristalline de Babysolo33 s’échappe enfin pour donner le ton. La jeune artiste rythme la représentation en incarnant l’entracte délicate entre chaque scène. Lala &ce et Jäde font alors leur entrée qui marque leur rencontre pour entamer l’histoire de « Baiser Mortel ». Les deux femmes jouent admirablement bien de leurs voix et sobrement de leurs corps pour enchanter la salle par le charme de leurs vibrations auditives. Elles se cherchent sans jamais réellement se trouver. Jusqu’au moment où le personnage principal incarné par Lala avoue être tombée amoureuse dans la seule phrase parlée du spectacle.
« La voix cristalline de Babysolo33 s’échappe pour donner le ton. »
Encerclée par un halo de lumière, elle chante alors son désespoir amoureux au milieu de la scène dans un ensemble à capuche fleuri en soie. Envoûtante, la rappeuse incarne une figure iconique, sensuelle sans chercher à l’être. La première comédie musicale de rap ne raconte pas vraiment d’histoire linéaire mais on se laisse rapidement embarquer par la qualité de la musique et la cohésion des artistes sur scène. C’est tous ensemble qu’il.elle.s s’affichent pour la dernière partie du spectacle. Sur la partie avant de la scène, Jäde, Babysolo33, Rad Cartier et Le Diouke regardent, dos au public, la déchéance finale d’une Lala &ce effondrée en arrière, comme vaincue par un baiser mortel.
- Lise Lacombe