Mosaïque

Ven­dre­di 26 mars 2021, Kaaris sor­tait « Château Noir ». Sous forme de réédi­tion pour son dernier album « 2.7.0 », il délivre onze morceaux et signe son retour aux côtés du col­lec­tif de beat­mak­ers Ther­a­py. Une sor­tie ambitieuse pour celui qui cherche à retrou­ver la fraîcheur artis­tique de ses débuts. Yas­sine, Lise et Thibaud, rédacteur.rice.s pour Mosaïque, ont planché sur ce nou­veau pro­jet et don­nent leur avis.

« Kaaris semble tenter un retour aux sources qui devrait ravir ses fans de la première heure »

« Château Noir » est bien comme Kaaris l’avait promis : sans zum­ba. Longtemps présen­té comme une mix­tape, le pro­jet se présente finale­ment comme une réédi­tion de « 2.7.0 » paru en sep­tem­bre 2020. Quoi qu’il en soit, le Dozo n’a con­sen­ti à aucun com­pro­mis en ser­vant onze titres, tous aus­si énergiques et agres­sifs les uns que les autres. Accom­pa­g­né de Ther­a­py, Kaaris sem­ble ten­ter un retour aux sources qui devrait ravir ses fans de la pre­mière heure. En revanche, si la con­ti­nu­ité et la cohérence de « Château Noir » sont plutôt appré­cia­bles, le choix du for­mat de la réédi­tion pose ques­tion. Une mix­tape ou un EP indépen­dant aurait évité l’image d’une réédi­tion qui a pour seul but de gon­fler les ventes de « 2.7.0 ». Men­tion spé­ciale pour Rosé qui se veut moins dur que la plu­part des autres titres, sans pour autant trahir la ligne direc­trice du projet.

- Yas­sine Ben Amor

« La recette reste dans l’ensemble efficace mais Kaaris peine à se renouveler »

« Château Noir » est un pro­jet dans l’ensemble réus­si, qui ne le serait pas sans la per­for­mance des beat­mak­ers de Ther­a­py. Le col­lec­tif renoue avec Kaaris, qui parvient à retrou­ver son souf­fle guer­ri­er grâce à des prods amples et épiques. Si l’artiste regagne en crédi­bil­ité, une cer­taine las­si­tude s’installe toute­fois face au flow monot­o­ne du rappeur de Sevran. La recette reste dans l’ensemble effi­cace, mais Kaaris peine à se renou­vel­er. Enfin, un dernier regret pour une oreille fémi­nine : comme sou­vent avec l’auteur d’ « Or Noir », les femmes sont perçues par le prisme d’un regard mas­culin hétéro­cen­tré qui ne cherche pas à le décon­stru­ire. Ce que l’on peut regret­ter ou non si l’on con­sid­ère ce dis­cours avant tout comme une pos­ture. Une pos­ture cepen­dant facile, qui ne parvient plus à faire l’effet escomp­té. Force est toute­fois de con­stater que la remise en ques­tion n’est pas de mise pour cet album.

- Lise Lacombe

« Com­ment réus­sir à retrou­ver le niveau d’un véri­ta­ble game chang­er, délivré dans une insou­ciance la plus totale ? Sans doute en renouant avec les ingré­di­ents de son suc­cès datant. »

- Thibaud Hue

« Les retrouvailles avec Therapy sont belles et bien rafraîchissantes »

Kaaris est-il tou­jours mau­dit ? Dans l’ombre d’ « Or noir », le rappeur Sevranais con­tin­ue de se débat­tre avec son clas­sique. Un long chemin sin­ueux qu’il a lui-même qual­i­fié de « quête », dans une inter­view accordée à 20 Min­utes pour la sor­tie de « Château noir ». Com­ment réus­sir à retrou­ver le niveau d’un véri­ta­ble game chang­er, délivré dans une insou­ciance la plus totale ? Sans doute en renouant avec les ingré­di­ents de son suc­cès datant. Après la décep­tion de « 2.7.0 », les retrou­vailles avec Ther­a­py sont belles et bien rafraîchissantes. Le col­lec­tif de com­pos­i­teurs a su retrou­ver ses mar­ques à ses côtés pour envelop­per son tim­bre pesant avec des com­po­si­tions orches­trales et pro­fondes. On retrou­ve un peu de goût, quelques punch­lines balour­des qui font sourire, mais aus­si un manque d’épaisseur cri­ant qui témoigne d’une fatigue artis­tique cer­taine. Si K2A rappe bien et exé­cute mieux, il reste engoncé dans de nom­breuses facil­ités de for­mules qui vieil­lis­sent mal. Faut-il s’en sat­is­faire ? Certainement.

- Thibaud Hue

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