Vendredi 5 mars 2021 sortait « ULTRA », le dixième et ultime album de Booba. Quatre ans après « Trône », le Duc de Boulogne tente de boucler son épopée artistique après plus de vingt-six ans de cavale. Un dernier jet plein d’ambition et de sincérité. La rédaction de Mosaïque a planché sur ce nouveau projet et donne son avis.
« Booba livre une dernière copie brillante de ses imperfections »
Bateau à l’eau, voile au vent, Booba quitte la terre ferme. Pour de bon cette fois. Si beaucoup aurait espéré la noirceur de « Nero Nemesis » ou la démonstration de « Ouest Side » pour qu’il puisse se retirer avec noblesse, le rappeur a préféré mener sa barque en solitaire. Clinique, tant sur le plan de la production que de l’interprétation, ce dixième opus est un produit facile à consommer. Tout comme le souhaitait son auteur. Derrière le packaging, le Duc trahit aussi de belles fulgurances dans l’écriture et découvre une sensibilité exacerbée par son environnement. « ULTRA » est ainsi le reflet de son époque, imprégné des tendances digérées peu importe leurs formes. Booba livre une dernière copie sincère et fidèle à lui-même. Brillante de ses imperfections.
- Thibaud Hue
« Booba n’a rien perdu de sa plume »
Discret en interview, Booba n’existe souvent qu’à travers les réseaux sociaux. Dès lors qu’il fait son retour dans l’espace médiatique, difficile de ne pas aimer le personnage qui se montre à la fois bienveillant aux côtés de Julien Beats sur Konbini, provocateur chez Cyril Hanouna puis en homme assagi sur France 5. À l’image du personnage, « ULTRA » est sans concession. Le rappeur a refusé de se plier aux exigences qui entouraient son dernier album et ne surprend pas tout en livrant un projet maîtrisé. L’artiste se trompe en parlant de cet album comme étant son « meilleur » ou fait semblant de le croire. Mais force est de constater que le rappeur n’a rien perdu de sa plume en livrant un couplet sur Grain de sable, en featuring avec Elia, qui pourrait vivre indépendamment comme un poème se suffisant à lui seul. Enfin, comment mieux partir qu’en laissant la relève incarnée par Bramsito conclure une carrière hors norme ? Sur Dernière fois, Booba livre une déclaration d’amour, surprenante par sa sincérité, à sa carrière. Avec « ULTRA », le pirate des mers du rap ne s’échoue pas comme beaucoup l’avaient prédit mais jette une dernière bouteille à la mer dans laquelle il chante la liberté qui l’a toujours si bien caractérisé.
- Lise Lacombe
« Un projet correct sans être transcendant »
Pour boucler sa carrière longue d’un quart de siècle, Booba a servi un projet correct sans être transcendant. L’introduction GP pouvait pourtant laisser présager un album à la hauteur des attentes : Kopp rappe avec puissance alliant le flow et la plume dans un style où il ne cesse d’exceller depuis des années. D’autres titres ont été composés dans la même énergie, à l’image de 5G ou de Bonne journée aux côtés de SDM qui sont plutôt réussis. Si certains morceaux plus mélodieux le sont également (Grain de sable, RST, L’Olivier) mais le titre VVV en collaboration avec Maes est paradoxalement la collaboration la moins efficace entre Booba et l’artiste sevranais. Dans son ensemble, « ULTRA » demeure cohérent et juste mais sans vraiment convaincre. Mention spéciale pour le titre Ultra qui semble être destiné à garder une place importante dans la discographie riche du Duc. Une pointe de déception qui se justifie par l’attente autour de ce dernier album de Booba : le plus grand rappeur que la France ait connue.
- Yassine Ben Amor
Un album éclectique, des morceaux purs raps qui se conjuguent avec des toplines entêtantes.
- Jules Careau
« Un album calibré pour un audimat le plus large possible »
Un album éclectique, des morceaux purs raps qui se conjuguent avec des toplines entêtantes, Booba s’impose sur des instrumentales minimalistes qu’il domine de son flow iconique, tout en réaffirmant sa maîtrise de la mélodie. Le rappeur de Boulogne montre une nouvelle fois qu’il sait s’entourer avec intelligence des artistes qu’il produit. Un album à tubes, calibré pour un audimat le plus large, dans lequel Booba déroule l’ensemble de sa palette musicale. Un projet riche qui vient brillamment conclure la carrière du Duc.
- Jules Careau