Deux cent ans après les jets de magma du volcan Tambora en Indonésie, le média 1863 fait éruption avec une mixtape du même nom, parue vendredi 8 janvier 2021. Une tracklist clair-obscur de douze morceaux, menée à la baguette par un rap underground avant-gardiste. Pour comprendre les origines du phénomène, Olivier Donnadieu, directeur artistique du projet, Alkakris, producteur, ainsi que les artistes Jäde et Rounhaa racontent les coulisses de la construction de « Tambora ».
Olivier : Avec les membres de l’équipe du média 1863, nous avons décidé de lancer « Tambora » au mois de juillet 2020. Nous voulions réunir des artistes qui collent à une direction artistique unique et cohérente, autour d’un ensemble d’instrumentales originales. Pour cela, nous nous sommes accordés aux identités musicales de quatorze talents. Le tout orchestré par Alkakris qui produit la mixtape.
Alkakris : 1863 m’a laissé carte blanche. J’ai choisi de rapper le premier titre moi-même pour donner la couleur de la tape et installer une cohérence. Mes compositions donnent un ton cloud et planant. Je ne connaissais pas tous les artistes et j’ai pris le temps d’écouter chacun d’entre eux pour m’adapter à leurs univers et personnaliser les compositions que j’ai proposé. Cela m’a aussi permis de sortir de ma zone de confort. Par exemple, Lala &ce et Jäde ont choisi une prod que je ne pensais pas du tout qu’elles prendraient.
Jäde : Les prods qu’Alkakris m’avait envoyé au début ne me plaisaient pas trop. Je savais que Lala &ce était aussi sur le projet donc je l’ai contactée. Les prods qu’elle avait reçu me parlait beaucoup plus et nous avons choisi de faire Tout d’un coup ensemble. Pour ce morceau, nous voulions revenir aux sources : elle et moi, sans ingénieur du son. Comme à l’époque de Soundcloud où l’on se retrouvait chez moi pour poser nos premiers beats sur des petits micros, mixés sur LogicPro. J’ai voulu retrouver cette vibe autour d’un passe-passe au feeling. Nous avons enregistré dans un studio à Bastille (Paris) où je suis tout le temps. Le titre a été ficelé en une soirée. C’était très naturel et je pense que les gens aiment cette spontanéité. C’est too much dans l’approche et ça nous a fait rire de faire un son pour « ken » que beaucoup prennent au premier degré.
Olivier : La mixtape a été réalisée à distance. Réunir les artistes en fonction de leur calendrier, des aélas et des imprévus, c’est un défi ambitieux et compliqué à relever. La tracklist a bien changé en sept mois de préparation. Il n’y a pas un seul nom qui était prévu que l’on retrouve sur le projet final. Jusqu’au dernier moment, nous ne pensions pas avoir le featuring entre Lala &ce et Jäde. Elles nous ont finalement fait le cadeau du morceau en décembre. C’est la magie de cette expérience.
Jäde : J’ai découvert 1863 cette année quand je suis arrivée sur Twitter. J’ai vu qu’ils me donnaient beaucoup de force et je ne pouvais que les remercier en faisant le son. Je m’attendais à ce qu’ils m’invitent et c’était logique que j’accepte. Je connais l’identité du média et je connaissais les artistes qui étaient invités. J’ai fait confiance.
Cover de l’EP « Romance », dévoilé le 12 février prochain. Crédit : Romain Garcin.
Olivier : En ce qui concerne la direction artistique, nous voulions proposer une tape que l’on puisse écouter pendant une nuit d’été. Du crépuscule jusqu’à l’aurore. C’est pour cela que le projet s’ouvre et se ferme sur des sons doux. L’auditeur retrouve des morceaux plus rythmés pour rester éveillé au milieu de la nuit. C’est le cas du titre 4.4.2 de Rounhaa, placé au milieu de la tracklist pour faire la transition.
Rounhaa : Avec les deux mélos qu’Alkakris m’avait envoyé, Ugz Beat a fait deux prods. C’est un beatmaker avec qui je travaille souvent, présent sur deux sons de mon dernier projet « Horion ». J’ai voulu les utiliser parce que ça se marie super bien avec l’idée de la mixtape qui est celle d’aller vers des tons sombres avant de s’adoucir. Je propose donc un titre avec une phase plus kickée et l’autre plus posée. 1863 a tout de suite aimé le morceau. J’ai kiffé travailler avec eux, c’était très naturel.
Crédit : @eelmatto.
La réalisation de la cover
La pochette de « Tambora » a été réalisée par Olivier Donnadieu (@OlivierDne), également directeur artistique. Entre les premières réflexions et le résultat final, le visuel a beaucoup évolué. Il raconte point par point les étapes de son travail.
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Olivier : Nous sommes très satisfaits des retours et « Tambora » a réalisé le meilleur démarrage du label Jeune à Jamais avec qui nous avons collaboré. Nous sommes aujourd’hui en train de voir comment proposer le CD en physique pour remercier la communauté et dépasser la frontière de Twitter et du numérique. Nous pensons également à clipper certains morceaux. Tout est encore en discussion. Laissons d’abord le temps au projet de respirer.