Mosaïque

Apparue depuis près d’un an sur la scène rap, la rappeuse Zinée, proche de la nébuleuse 75e ses­sion, a rapi­de­ment su trou­ver son créneau en affir­mant un style et un univers atypique.

L’image s’ouvre dans un apparte­ment de cen­tre-ville. Ordi­na­teur allumé sur un logi­ciel d’enregistrement, micro branché et paquet de Froost­ies posé sur le bureau, la prod com­mence et les notes s’enchaînent dans une mélodie oppressante. 

Un pre­mier indice donne le ton : le logo de la 75e ses­sion, fameux col­lec­tif parisien, appa­raît sur le sweat de celle dont on ne perçoit pas encore bien le vis­age. Quelques sec­on­des de ten­sion avant que les per­cus­sions ne vien­nent taper à l’oreille de l’auditeur. Un dernier regard caméra souligné par un masque noir avant de pou­voir s’im­merg­er dans le morceau. 

Cette scène est celle du début de Per­son­ne, pre­mier clip posté sur la chaîne YouTube de Zinée en juil­let dernier. Avec ce pre­mier visuel, l’artiste affichait déjà tous ses atouts pour s’im­pos­er dans le paysage rap francophone. 

Création originale

Depuis seule­ment quelques mois, la voix non­cha­lante et métallique de Zinée investit les plate­formes de stream­ing et les réseaux soci­aux. Pour­tant, la rappeuse orig­i­naire de Toulouse compte par­mi les artistes émer­gents les plus promet­teurs, tant sa recette est déjà aisé­ment iden­ti­fi­able et efficace. 

Sur son compte Insta­gram, elle partage un pre­mier extrait musi­cal fin jan­vi­er 2020. Il fau­dra atten­dre l’été pour que de pre­mières créa­tions abouties et des clips soignés soient disponibles. Tout en prenant le temps de créer, elle puise dans les codes musi­caux actuels avec une util­i­sa­tion franche de l’auto-tune et le recours à des sonorités drill et trap. La rappeuse est recon­naiss­able par son tim­bre de voix dig­i­tal­isé et une dic­tion las­cive, qui tranchent avec des textes volon­tiers crus et incisifs. Zinée est un per­son­nage atyp­ique qui con­stru­it son univers avec ses pro­pres règles.

Contraste et mélancolie

Du morceau trap ou drill en pas­sant par des mélodies mélan­col­iques, elle jon­gle entre egotrip cinglant et tristesse pro­fonde. Capa­ble de phas­es comme : « J’fais des trous dans ta tête à la perceuse » (Per­son­ne), elle sait aus­si se livr­er sur ses sen­ti­ments amoureux : « Quand tu me prends dans tes bras, le poids du monde est relatif » (Mini­tel), ou exprimer un mal-être pro­fond : « J’me sens mal entouré, même quand j’su­is dans ma ruche » (Orchidée). Une mélan­col­ie et un attrait pour la noirceur qui se retrou­vent dans le choix des prods de son pre­mier EP de qua­tre titres, inti­t­ulé « Futée ». 

Sor­ti en novem­bre 2020, il vient con­firmer les attentes autour de la rappeuse. L’intégralité de « Futée » est com­posé par Shel­don, pierre angu­laire de la 75e Ses­sion, que l’on retrou­ve d’ailleurs en fea­tur­ing sur le pro­fond Orchidée qui clô­ture le pro­jet. Une con­nex­ion artis­tique cohérente qui donne du relief à la tracklist.

Le titre Mini­tel, pre­mier des qua­tre titres, se démar­que par­ti­c­ulière­ment par son aspect rétro­fu­tur­iste. Avec ce pro­jet, pas de ten­ta­tive dés­espérée de coller aux stan­dards com­mer­ci­aux du moment mais une appro­pri­a­tion per­son­nelle et authen­tique du vaste champ des pos­si­bles que per­met le rap aujourd’hui.

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